Jazz in Sanguinet: Aqui y était!


Mathieu Presseq / Aqui.fr

Jazz in Sanguinet: Aqui y était!

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 27/07/2014 PAR Mathieu Presseq

Vendredi 25 juillet. Après l’ouverture du festival la veille, avec de nombreux concerts gratuits, c’est ce soir que le chapiteau de l’espace Gemme de Sanguinet ouvre ses portes pour la première des deux soirées payantes. Avant d’accueillir le batteur Manu Katché, place aux Gosses de la Rue, un quintet bordelais de jazz manouche.

Un batteur de renom et des « jeunes super »Mais un jazz manouche ouvert et tout sauf sectaire, qui puise aussi bien dans le répertoire de Django Reinhardt (Songe d’automne, Danse norvégienne) et de ses disciples comme Angelo Debarre (Stradivarius) que dans le bop (I Mean You de Thelonious Monk), la chanson francophone (Amsterdam de Jacques Brel) ou la musique classique (Le Vol du bourdon de Nikolaï Rimski-Korsakov). Sans oublier bien sûr de nombreuses compositions originales, qui vont du swing manouche à la ballade. Aux instruments traditionnels tels que le violoncelle, les deux guitares acoustiques et la contrebasse, s’ajoute une flûte traversière, qui apporte une touche de fraîcheur bienvenue au genre. Et il faut dire qu’Arnaud, le flûtiste, a été incontestablement la star de cette première partie. Une vélocité virtuose dans le maniement de son instrument qui laisse furtivement s’échapper dans son élan quelques bribes de chant. Le public s’est levé comme un seul homme et lui a réservé des applaudissements triomphaux. Après le rappel, Sergio Diederich, programmateur historique du festival, rejoint les musiciens et lance à la foule : « êtes-vous d’accord pour un prochain rendez-vous l’année prochaine ? ». Le public répond massivement par la positive. Dont acte.

Vingt minutes d’entracte plus tard, c’est au tour de Manu Katché de faire son entrée sur scène. « Les solos de batterie, c’est plus de mon âge », a beau dire le quinquagénaire. Pourtant, il n’a rien perdu de sa superbe. Son jeu est d’une finesse et d’une richesse qui n’a que peu d’égal parmi les batteurs actuels, qu’il caresse les cymbales ou martèle les fûts. Manu s’essaye même au piano quelques instants, l’instrument avec lequel il a fait ses premiers pas dans la musique à sept ans. Casquette vissée sur la tête, le Français revisite le répertoire de ses deux derniers albums pour ECM avec un quartet venu des quatre coins d’Europe. Cette formation, avec qui il tourne depuis plus d’un an, est composée du saxophoniste norvégien Tore Brunborg, du trompettiste italien Luca Aquino et du pianiste et organiste anglais Jim « James » Watson (N.B. : ensemble, ils ont enregistré un album live au New Morning de Paris, à paraître le 23 septembre prochain chez ACT). Le batteur profite d’une pause pour remercier chaleureusement Sergio, le directeur artistique du festival, de l’avoir invité. « Les festivals, c’est le socle de la musique de demain, c’est ce qui fait que la musique évolue », explique Katché. Selon lui, ces événements permettent de réunir les gens au même endroit, mélanger les genres et faire naître des collaborations entre des musiciens qui ne se seraient jamais rencontrés sans cet intermédiaire. Le batteur félicite aussi les Gosses de la Rue, des « jeunes super » au sujet de qui il affirme, grand seigneur : « ce n’était pas une première partie, nous avons partagé la scène ». Lors d’un rappel généreux, il parvient à faire chanter le public, ce qui n’est pas si fréquent pour un concert de jazz instrumental. Puis Manu salue l’audience et, comme à son habitude, enchaîne les superlatifs : « on s’est régalés, vous êtes un public super interactif, super chaleureux et super généreux, c’était extrêmement touchant ». Le public est debout. Katché et les Gosses de la Rue n’ont pas juste partagé la scène, ils se sont partagé l’applaudimètre.

Du Brésil à l’Afrique en passant par la Nouvelle-OrléansSamedi 26 juillet. Deuxième soirée sous le chapiteau de l’espace Gemme. Présentée par Sergio comme une révélation, Marie Carrié ouvre le bal avec son quartet (chant-orgue-guitare-batterie). Née à Montauban et d’origine antillaise, la chanteuse alterne l’anglais, le portugais… et bien sûr le scat ! Sa très jolie voix, solaire à souhait, illumine de grands standards du jazz (George Gershwin, Jerome Kern, Thelonious Monk, Oscar Brown Jr. ou Horace Silver), des morceaux brésiliens ou encore des compositions originales (un Corsica Landscape entièrement vocalisé, qui fleure plus Rio qu’Ajaccio). L’artiste repart avec un bouquet de fleurs reçu des mains de Sergio.

Puis vient le vibraphoniste Dany Doriz, qui a été formé à la bonne école avec le légendaire Lionel Hampton. Plus récemment, il a accompagné Scott Hamilton. Il est entouré d’un pianiste, d’un tromboniste, d’une contrebassiste, d’un guitariste et de son propre fils, Didier Doriz, à la batterie. Dès le deuxième morceau, il accueille sur scène le célèbre saxophoniste camerounais Manu Dibango, que l’on a rarement eu l’occasion d’entendre dans un registre purement jazz. Au programme, une musique joyeuse et dansante, celle des standards de l’époque dorée du swing et du « hot » jazz, de Benny Goodman à Fats Waller en passant par Django Reinhardt, Billy Strayhorn et bien sûr Sidney Bechet. Le public tape dans les mains en rythme. Les musiciens s’illustrent sur plusieurs instruments : séance de piano à quatre mains avec l’intervention brillante de Dany Doriz, ou de vibraphone à quatre baguettes avec Manu Dibango. Ce dernier, en raison de son grand âge, s’absente puis revient, se lance dans des improvisations de scat ou rappelle Henri Salvador quand il chante de sa voix grave Petite fleur de Sidney Bechet. Puis le classique parmi les classiques made in New Orleans, When The Saints Go Marching In, immortalisé par Louis Armstrong, en guise de bouquet final avant un rappel forcément fiévreux. « Merci mesdames, mesdemoiselles, messieurs… et les enfants », conclut Dibango. Au terme de ces deux soirées, on serait bien incapable de dire lequel des deux Manu s’est imposé dans le cœur des Sanguinetois. Le dimanche 27 juillet, le festival se termine avec une dernière journée, entièrement gratuite et en plein air.

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