Hynaero: le successeur du Canadair plane sur Bordeaux


La toute nouvelle startup Hynaero, qui prépare son atterrissage en Nouvelle-Aquitaine, développe un projet d'hydravion fait ici, plus moderne et plus efficace que le Canadair en fin de carrière.

Hynaero

Le Fregate-F100, qui se veut être l'avion bombardier d'eau remplaçant du Canadair, devrait prendre les airs à l'horizon 2030.

Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 07/08/2023 PAR Léo Marchandon

Face à la recrudescence des feux de forêt entraînés par les conséquences du changement climatique, le Canadair fait figure de champion anti-feu. Mais l’avion Canadien ne convainc plus tout le monde. La nouvelle startup Hynaero, qui prépare son installation à TechnoWest avec le soutien de la Région, porte le programme Fregate-F100 avec l’ambition de créer le successeur du mythique avion anti-feu.

David Pincet, expert de l’aviation et de la sécurité civile passé par l’Armée de l’air, l’OTAN et la Direction générale de la Sécurité civile, conseille Hynaero dans son projet, en écho aux nouveaux défis climatiques. “En 2020, vingt pour cent des émissions de CO2 étaient dues aux feux de forêt. Un hectare absorbe entre quinze et vingt tonnes de CO2, un hectare qui brûle émet une dizaine de tonnes”, explique-t-il. Aux émissions causées par l’incendie, il faut en effet ajouter le CO2 qui aurait du être absorbé : un feu de forêt est une double peine pour le climat.

Face à un feu actif, seule la vitesse d’action compte. “Un seau d’eau suffit à éteindre un feu qui brûle depuis moins d’une minute. Après vingt minutes, un seul passage de Canadair ne suffit plus”, souligne-t-il pour expliquer les caractéristiques recherchées : un avion qui doit pouvoir larguer, puis écoper pour re-larguer, le plus rapidement possible. Des critères clairs pour un projet d’aviation partant d’une feuille blanche, ce qui n’a pas été fait depuis des années en Europe.

Renouveler les Canadairs

Le Canadair est aujourd’hui un vieil avion. Conçu par le constructeur Canadien Bombardier dans les années 60 (même si son design a été actualisé à plusieurs reprises), il n’est plus produit depuis une dizaine d’années. Sur les quelques deux cent avions construits, près de cent soixante sont encore en vol alors que la demande croît face à la recrudescence globale des feux. “Certains pays sans capacité comme l’Indonésie, l’Australie, la Suède ou le Portugal souhaitent s’en doter. En France, notre flotte a 27 ans et approche du renouvellement”.

C’est à partir de ce constant qu’est né le projet Fregate-F100. L’objectif n’est pas de créer un “avion du futur”, bardé de technologies non-prouvées, mais de créer un avion moderne efficace, répondant aux demandes des services d’urgence. “Ils veulent un avion capable d’embarquer du fret et des équipages, capable d’embarquer plus d’eau plus rapidement, et surtout capable d’utiliser les mêmes plans d’eau que les Canadairs”. La maintenance, coûteuse pour le Canadair, est aussi un cheval de bataille.

Un projet en recherche de soutien

Le projet a l’horizon 2030 en ligne de mire. L’objectif est d’avoir deux prototypes pour pouvoir proposer au marché un successeur au Canadair, un “avion qui va une fois et demi plus vite et emporte une fois et demi la quantité d’eau pour remplir la mission de deux Canadairs”.

Face au Fregate-F100, Bombardier travaille sur le DHC-515, une mise à jour du design du Canadair. Une concurrence qui n’inquiète pas Hynaero, car le projet Fregate-F100 promet “d’utiliser pour les 30 prochaines années un avion qui n’a pas été conçu il y a cinquante ans”. La France a acheté sa flotte de canadairs il y à vingt-cinq ans, “pour vingt à vingt-deux millions pièce”. Le DHC-515 s’approcherait plus de “cinquante-cinq à soixante millions pièce, pour donner un ordre de grandeur à titre indicatif”. Plus cher, “le Fregate-F100 de dix à quinze pour cent, pour un avion moderne avec beaucoup plus de capacités”.

Un projet d’envergure qui exige quelques bonnes fées au-dessus du berceau de son lancement : parmi les pré-requis, le soutien d’un grand Etat “qui pourrait influencer l’Union Européenne dans le cadre du financement de ce programme. Compte tenu du besoin, mieux vaudrait soutenir l’économie locale que d’acheter nord-américain” avance l’équipe d’Hynaero, qui souligne également le soutien précieux de la Nouvelle-Aquitaine.

Le projet cherche encore des financements: huit cent millions d’euros sur la durée du projet. Pour ce qui est de la construction, Hynaero envisage de s’appuyer sur des industriels néo-aquitains ou occitans : “On ne va pas louper cette opportunité de s’appuyer sur des acteurs établis dans un environnement mature”.

Ça vous intéresse ?
Partagez l'article !
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
4 Comentaires

4 commentaires

  • Cyrille Pitois, le 10/8/2023 à 12h50

    Bonjour et merci de votre contribution. Comme il est indiqué dans l’article, la conception de ce type d’avion était jusqu’ici exclusivement canadienne. En France et en Europe on part d’une page blanche. Avec des contraintes techniques élevées: un avion plus rapide, avec une capacité de transport d’eau 1,5 fois supérieure, et des attentes de réduction de la maintenance. On est loin du siècle d’expérience de construction des paquebots que vous évoquez, comme la technologie maitrisée par les Chantiers de l’Atlantique à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) qui conçoit chaque nouveau navire en s’appuyant sur les acquis technologiques du précédent.


  • le doledec ph, le 10/8/2023 à 11h23

    incroyable ! il faut 18 mois pour construire un paquebot de haute technologie….et il faudrait 6 ans pour construire un hydravion qui n’est qu’un assemblage basiquement de pièces existantes? une simple citerne volante motorisée…incompréhensible!…


  • mazzoni, le 8/8/2023 à 08h20

    Il faut foncer, on est toujours en retard.


  • Lucien Beney, le 7/8/2023 à 21h06

    Pourquoi ne pas faire un avion bombardier, un avion qui larguerait des barriques remplies ou des matériaux en forme de bombe, en touchant le sol, la masse d eaux ferait une belle gerbe.


Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

On en parle ! Nouvelle-Aquitaine
À lire ! START-UP > Nos derniers articles