Gérard Fourneau, l’homme qui fait revivre les poissons


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Gérard Fourneau, l'homme qui fait revivre les poissons

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 08/10/2014 PAR Julie Ducourau

A 68 ans, Gérard Fourneau qui travaille « plus qu’à plein temps » depuis qu’il est à la retraite, se prend à rêver de productions d’huîtres haut de gamme en pleine mer. Un projet qui pourrait sembler fou mais alors que le secteur ostréicole souffre de pollution chronique et d’espaces contraints, lui anticipe ainsi l’avenir de la filière.

huîtres

Il a donc imaginé d’immenses supports métalliques agrémentés de dizaines de paniers australiens se balançant tout seuls par 20 mètres de fond. L’immersion de ce gigantesque attelage devrait avoir lieu au printemps prochain au large de Capbreton si tout va bien.

A ses côtés dans cette aventure hors normes depuis trois ans, Jérôme Labéguerie, président des ostréiculteurs d’Hossegor, estime qu’« on devrait gagner en qualité de produit comme en taux de chair », ce qui pourrait à terme « aider l’ostréiculture landaise à se développer ». Mais avant d’en arriver là, de nombreux tests doivent être faits pour étudier le comportement et le taux de mortalité des naissains et huîtres plus âgées dans ces conditions.

Ce nouveau pari n’est pas de nature à stresser Gérard Fourneau. Un homme un peu bourru de premier abord « mais finalement pas tant que ça », souligne Jérôme Labéguerie : « c’est un passionné qui ne compte pas ses heures » et « qui sait décider » avec une certaine « rigueur militaire ». Un bénévole emballé qui sait aussi pourquoi il travaille autant.

Revitaliser un écosystème menacéLongtemps pêcheur acharné de surf casting titillant le bar, la sole ou la daurade, Gérard Fourneau a pris conscience de la raréfaction des ressources marines en 1993. « On est revenu bredouille de la plage ». Pas un poisson à l’hameçon pour la première fois de sa vie. Alors il lorgne vers le Japon qui utilise les techniques de récifs artificiels depuis le XVIIe siècle et va voir du côté du Languedoc-Roussillon où des buses immergées sont déjà à l’essai.

Poissons

En 1996, avec d’autres pêcheurs, il créé son association, Aquitaine Landes Récifs (ALR), basée à Saint-Paul-lès-Dax. D’emblée, celui qui a appris sur le tard à « nager avec les politiques », tombe sur « des gens compréhensifs et intéressés, à la région surtout ». Aujourd’hui, le budget annuel de 100.000 euros est abondé quasiment pour moitié par le Conseil régional, loin devant le département (7.500€). Des entreprises privées sont aussi partenaires, comme Action Pin (15.000€). Des tarifs abordables donc pour une activité déterminante de revitalisation d’un écosystème menacé. Jean-Louis Carrère, le sénateur socialiste landais lui aurait d’ailleurs lancé un jour : « tu sais combien ça coûte un rond-point ? », façon de dire le faible coût d’ALR pour la communauté.

Au total, près de 2.500 m3 de récifs artificiels ont été immergés en 15 ans : 870 sur Capbreton à deux kilomètres de la plage par 18 à 20 mètres de fond, 870 entre Vieux-Boucau et Soustons, et 670 entre Moliets et Messanges. Une des plus importantes zones de récifs artificiels de la côte atlantique, loin devant le Croisic ou Fécamp.

Immerger du vin de sable et du FlocRécifs

Et les résultats sont probants : trois ou quatre jours après l’immersion de nouveaux récifs (environ une fois par an grâce au baliseur Gascogne), les poissons s’approprient le lieu. Dans les buses cylindriques en béton (plus d’un tonne), on trouve de tout, tourteaux, homards, étrilles, congres et beaucoup de tacauds. Sur les Typi (pyramides de 2,6 m), pas mal de dorades grises et de royales, des sares, des rougets barbets et des poulpes qui creusent en dessous. A savoir ce qu’attireront les nouveaux récifs Babel de formes hexagonales, imaginés par Gérard Fourneau et fabriqués à Artix (Pyrénées-Atlantiques), qui doivent être immergées au cours du mois d’octobre.

Dans ces zones protégées (malgré quelques incursions interdites de clubs de plongées et de pêcheurs braconniers), des suivis scientifiques et des pêches expérimentales ont en tout cas montré une belle vivacité du monde sous-marin, avec « des merlus, des lottes qu’on n’aurait pas imaginé en si grand nombre ». « Les pêcheurs trouvent qu’il y a deux fois plus de poissons » qu’il y a 20 ans, souligne celui qui compte immerger bientôt des bouteilles de vin de sable et de Floc de Gascogne pour voir comment ils vieillissent sous l’eau…

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