Frédérique Vidal face aux étudiants poitevins


La ministre de l'Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, a rencontré une cinquantaine d'étudiants poitevins pour défendre des actions contre la précarité étudiante

Aqui.fr - Julien PRIVAT

Frédérique Vidal, la ministre de l'Enseignement supérieur, a rencontré une cinquantaine d'étudiants poitevins ce mardi 23 février.

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Temps de lecture 8 min

Publication PUBLIÉ LE 24/02/2021 PAR Julien PRIVAT

La principale annonce de la ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, Frédérique Vidal, concerne la mise en place de 1 500 distributeurs gratuits de protections menstruelles dès la prochaine rentrée. Une mesure concrète. La ministre a abordé différents points avec des étudiants qui ont fait preuve d’inquiétudes quant à leur situation, souvent précaire, les risques psychologiques, leur solitude liée aux cours trop rarement en présentiel ou encore la tenue des examens.

Ambiance d’amphithéâtre dans les jardins de la préfecture de Poitiers. 46 étudiants ont répondu à l’invitation de Frédérique Vidal ce mardi 23 février. La ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’innovation est venue échanger. L’occasion pour elle de répondre également aux 72 courriers qu’elle avait reçus de la part d’étudiants poitevins au début du mois de février. Des courriers qui bien évidemment, l’interpellaient sur les difficultés que vivent les étudiants dans leur quotidien. 

Initialement, Frédérique Vidal devait venir le 12 février dernier. Le programme était plus chargé. Une séquence sur la reprise des cours en présentiel à l’UFR de sciences et techniques des activités physiques et sportives (STAPS), un échange avec les professionnels du service de santé universitaire sur les dispositifs d’accompagnement psychologique, un dépistage Covid-19 avec des étudiants en relais-santé et pour conclure un débat et des échanges avec les étudiants de l’Association Fédérative des Étudiants de Poitiers (AFEP). Finalement annulé à cause des conditions climatiques, ce déplacement a été reporté à ce mardi 23 février, avec un programme bien plus allégé. Seule la rencontre avec les étudiants de l’AFEP a été maintenue. « Cette rencontre était prévue il y a déjà une quinzaine de jours. Je passe beaucoup de temps sur le terrain je vais à la rencontre des universités, des étudiants, j’échange avec eux, pour voir quel est le coeur des préoccupations. Il paraissait important de maintenir non pas tout le déplacement, mais cette rencontre avec les étudiants. Ils m’avaient notamment écrit pour faire part de leurs difficultés ; il me paraissait important de leur répondre… » a-t-elle confié au micro des caméras et des radios après les échanges. 

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La ministre Frédérique Vidal s’est prêtée à un jeu de questions/réponses avec les étudiants poitevins.


Questions-réponses sans filtre

La ministre a ouvert la rencontre en expliquant sa venue. « Apporter un maximum d’informations dans un monde incertain à cause de la pandémie. Il faut en parler, c’est important ». Avant de se prêter à un jeu de questions/réponses animé par deux jeunes étudiants, qui passaient la parole à leurs camarades… qui posaient toutes les questions qu’ils souhaitaient… Mais ce sont souvent les mêmes thématiques qui revenaient. Dans l’assemblée, des étudiants allant de la licence, au master et même doctorat… car tous ne vivent pas de la même manière cette période si particulière. Frédérique Vidal est venue défendre les actions mises en place contre cette précarité étudiante. « La crise n’a pas généré la précarité étudiante, elle l’a amplifiée » indique-t-elle.

Dès la rentrée 2021, 1 500 distributeurs gratuits de protections menstruelles

L’annonce principale lors de cet échange est en relation avec la précarité menstruelle. Comme le rappelle Frédérique Vidal, plusieurs allusions étaient faites dans les courriers. Une étude de l’association fédérative des étudiants de Poitiers et de l’association des étudiants sages-femmes, réalisée en février, relevait que un tiers des étudiantes avait besoin d’aide pour acheter des protections périodiques. Un message entendu donc par la ministre et son ministère. « 1 500 distributeurs de protections périodiques gratuites vont être installés dès la prochaine rentrée », précise Frédérique Vidal. Nous allons voir avec les associations, les services des universités, les résidences universitaires, où nous pourrons les mettre en place ». Pour en arriver là, la ministre admet avoir écouter les associations, comme Règles élémentaires, et plusieurs acteurs du monde étudiant. « On répond à un vrai sujet, une vraie demande », poursuit-elle. Une mesure pérenne qui coûtera selon elle 15 millions d’euros par an. Frédérique Vidal compte poursuivre en impliquant les jeunes dans la campagne de communication et d’information qu’il faut pour que cela rentre dans les usages…  

Bien sûr d’autres thématiques ont émergé. Notamment le débat des cours en présentiel et distanciel. Les étudiants se sont comparés aux BTS et classes préparatoires aux grandes écoles qui ont cours en présentiel depuis déjà quelques temps. Réponse de la ministre : « Il y a une différence entre les lycées et les universités. Ce n’est pas le même ordre de grandeur. Il y a plusieurs milliers d’étudiants dans un même lieu, quand on a quelques centaines de lycéens dans un même lieu. Puis, il y a les changements de classe, c’est difficile de mettre en application les mêmes protocoles que dans les lycées ». Cependant, la gouvernement a acté début février une reprise progressive en présentiel pour tous les étudiants quel que soit leur niveau, dans la limite d’une jauge globale de 20% des capacités d’accueil des établissements. « C’est l’équivalent d’une journée par semaine par étudiant, précise Frédérique Vidal. Les étudiants veulent retrouver des liens avec leurs professeurs et se revoir entre eux. L’idéal serait de revenir à 50% en présentiel, mais actuellement ce n’est pas réalisable. Cela ne vous a pas échappé, mais le taux de contamination n’est pas vraiment en baisse ». Autre souci, c’est que certains jeunes ont déserté leur ville d’accueil pour rentrer chez leurs parents, certains ont même rendu leur appartement.

« Vous n’avez pas massivement décroché »

Qui dit études, dit forcément examens. Quelques inquiétudes ont été soulevées par les étudiants présents. Sur le décrochage après le premier semestre, Frédérique Vidal a évoqué des chiffres plutôt positifs qui ont été remontés par les différentes universités au ministère. « Pour les examens du premier semestre, il y a eu seulement 3% d’absences en plus par rapport à l’année dernière. Vous avez tenu et vous n’avez pas décroché massivement », conclut-elle. Avant qu’un étudiant lui rétorque : « Nous allons aux examens pour conserver nos bourses. Ce n’est pas pour autant qu’on n’a pas décroché… » La ministre lui répond qu’elle aura des remontées des résultats pour voir aussi le nombre de copies blanches. Quant au second semestre, la rumeur de partiels qui n’auraient pas lieu n’est qu’une rumeur. « En réalité je ne décide pas des modalités de contrôle des connaissances. Le ministère garantie la qualité du diplôme, mais les modalités d’évaluation sont déléguées. Si tous les examens sont effectués à distance, ce n’est pas juste, il faut qu’ils aient lieu en présentiel et garder à distance ceux qui peuvent l’être ». Selon Frédérique Vidal, au premier semestre, 20 à 30% des examens se sont tenus en présentiel. Chaque université peut gérer comme elle le souhaite, tout en respectant les consignes et les protocoles sanitaires. Une chose est sûre, il y aura bien des examens pour valider les connaissances des étudiants.  

La polémique des islamo-gauchistes

D’autres points ont bien sûr été abordés durant ces presque deux heures d’échanges. Que ce soit le détresse psychologique des étudiants (un parcours de soins psychologiques pour les étudiants est pris en charge), les stages qui sont difficiles à trouver, les repas aux restaurants universitaires à un euro. Un des étudiants a également abordé la question des islamo-gauchistes. Une polémique qui remonte à dix jours et les propos tenus par Frédérique Vidal sur CNews. Un propos balayé rapidement. « Je ne suis pas venue pour parler de ça… » Mais après son échange avec les étudiants, les journalistes ont reposé la question… « Je crois qu’on peut regarder l’ensemble de ce que je fais depuis quatre ans au gouvernement, l’ensemble de ma carrière universitaire avant, je suis tellement loin de toute idée d’empêcher la liberté académique, d’empêcher la liberté de la recherche. Au contraire, c’est ce que je défends depuis toujours. C’est une polémique, c’est un procès d’intention et ma priorité, ce sont les étudiants. Ce pourquoi je me bats tous les jours, c’est d’accompagner les établissements dans cette période difficile que nous vivons tous ensemble sur cette question de pandémie. Voilà, c’est ça qui m’occupe, ce qui m’anime, je pense que c’est important de leur dire que je suis venue pour leur parler comme c’était prévu que je le fasse il y a quinze jours, parce qu’on essaie même d’instrumentaliser cette venue prévue de longue date… », confie Frédérique Vidal lors des traditionnels micros tendus. Puis son cabinet tente de remettre les journalistes sur les bons rails en leur demandant de poser des questions en lien avec le déplacement du jour.

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Une cinquantaine d’étudiants membres de l’Association Fédérative des Étudiants de Poitiers (AFEP) est venue discutée avec Frédérique Vidal.


Et les étudiants dans tout ça, qu’ont-ils pensé de la venue de la ministre, Frédérique Vidal. « Il faut prendre le temps de laisser décanter ce rendez-vous, confie une étudiante en ergothérapie. Mais je trouve intéressantes les mesures contre la précarité menstruelle ». Un avis partagé également par un autre étudiant en STAPS, mais il est un peu déçu, car la situation dans leur filière est très critique et les étudiants de STAPS espèrent revoir la ministre lors d’un entretien plus complet. « Je suis un peu frustré, j’ai eu le sentiment de ne pas pouvoir tout exprimer », reconnaît-il. Enfin, il y a eu un cri du coeur, pas réfléchi :. « Madame la ministre nous a dit de ne pas hésiter à appeler à l’aide, j’ai voulu parler de mon cas personnel ». Effectivement, Maxence est étudiant en 2e année d’histoire, d’origine asiatique – il est né en Corée du Sud – mais a grandi depuis ses six mois en France – il est victime de regards, dans la rue, dans le bus… et à parfois le sentiment d’être coupable de ce virus. « Il faut arrêter de cibler des pays ou des régions du monde comme étant la cause du virus », lui a répondu Frédérique Vidal.

En marge de cet entretien, une centaine d’étudiants était tenue à l’écart de la préfecture de Poitiers par un conséquent dispositif policier déployé. Ils sont venus manifester contre la précarité des étudiants. Sur leur pancarte, on pouvait lire « on veut étudier, pas s’endetter ». À 15 heures, les étudiants s’étaient déjà dispersés.

Frédérique Vidal l’a assuré, toutes les mesures prises durant cette période de crise sanitaire se poursuivront tant que le besoin se fera sentir. Sa priorité, lutter contre le développement, l’amplification de la précarité des étudiants.

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