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PUBLIÉ LE 21/04/2013 PAR Anne Duprez
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L’histoire se déroule dans une petite ville bretonne de 3000 âmes. Il y est question de tombolas, de maisons sur plans, d’un accident de moto, d’un couple en crise et, presque comme si c’était un détail, d’assassinats d’Anglais et de Parisiens. La veuve pochard débitante y est un lieu de rendez−vous enfumé où des flics sont en planque, où l’écho du destin prend la voix d’une dame esseulée qui répond sans qu’on l’interroge et met en lumière l’absurde paradoxe de nos vies : elle « aime son mari pour sa connerie ». Et il y est question d’un homard, bien entendu, gagné à une tombola, nourri au tarama dans un aquarium par Camille et brutalement coupé en deux par Pierre, son mari. Là est la faille : elle semble insignifiante, en réalité elle s’ouvre béante, et de plus en plus, au point de devenir un abîme entre les deux époux, puis pour les deux époux.
Il y a, dans cette histoire, un peu du sang froid des meilleurs Hitchcock et un peu d’Ecume des Jours. Dans les deux cas les maisons déteignent sur les âmes ou vice versa. Là où le manoir sombre de Psychose donne le ton à l’intrigue, là où l’appartement de Colin et Chloé rétrécit à mesure que celle−ci dépérit, une maison biscornue dont le jardin semble dessiné par Edouard aux mains d’argent, et où, surtout, « la ligne droite n’a pas de sens », devient quasiment le personnage principal du roman de Pascale Dietrich, si ce n’est l’arme du crime itself ! Elle est le lieu où tout devient possible, le mal comme le bien. Là où le drame se noue et se dénoue. Là où on comprend où Pascale Dietrich veut en venir et où elle parvient d’ailleurs, grâce à un scénario mené au scalpel, à conclure un thriller qui tient en haleine du premier mot jusqu’au dernier.
« Le homard » est tour à tour un roman d’amour – ou de désamour –, le synopsis d’un film d’auteur, un polar, une histoire fantastique. « Ici », en effet, « la ligne droite n’a pas de sens ». Pascale Dietrich sait très savamment brouiller les pistes, tout en instillant, au compte goute, les éléments essentiels qui dévoilent peu à peu, mais aux très justes moments M, le pourquoi du comment. C’est remarquablement fait, dans une écriture incisive, tranchante. Un homard qui ne manque pas de saveur, ah ça non. A dévorer.
