Energie souterraine : la prochaine révolution énergétique ?


En pleine crise écologique et énergétique, le monde doit évoluer. Cette transition annoncée a déjà démarré en Nouvelle-Aquitaine, où une source d’énergie, peu utilisée, commence à se répandre, la géothermie.

Sébastien Colas

Une machine de forage de l'entreprise Tezaure, permettant d'extraire l'énergie des sous-sols terrestres

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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 28/05/2024 PAR Artur Bucaille

Comment est produite l’électricité en France ? Quand on pose cette question, les premières réponses sont souvent le nucléaire, l’éolien, ou bien encore le solaire. Mais qu’en est-il de l’énergie produite sous nos pieds, la géothermie ? 

Définition : La géothermie correspond à la captation, et à la recherche scientifique, de la chaleur du sous-sol de la terre. “C’est une énergie qui n’émet aucun gaz à effet de serre et sa matière première, la chaleur de la Terre, est totalement gratuite”, peut-on lire sur le site de EDF.

Peu utilisée de nos jours, la géothermie est pourtant l’une des plus vieilles façons de réchauffer notre eau, avec des traces de son utilisation en France dès le 14ème siècle !

100% décarbonée et 100% locale

Près de sept siècles plus tard, elle revient au goût du jour.Il y a un nouvel engouement autour de la géothermie, les investisseurs commencent à se rendre compte de son potentiel”, explique Hervé Lautrette, CEO et fondateur de ABSolar. Créée en mai 2020, et implantée à Bègles, ABSolar est une start-up pionnière en France dans le stockage de l’énergie souterraine. Elle promet la production d’une électricité 100% renouvelable, 100% décarbonée et 100% locale. L’entreprise a déjà lancé de nombreux projets, à l’instar de ce démonstrateur à Cadaujac.

Nous développons de nouvelles technologies de forage, en priorisant l’utilisation des énergies de récupération que nous récupérons dans le sous-sol terrestre, à même les roches, développe Hervé Lautrette. L’un des avantages que propose la géothermie est son utilisation à n’importe quelle fréquence, sans contrecoup polluant. Une centrale nucléaire doit, par exemple, utiliser une énorme quantité d’eau pour refroidir son réacteur lorsque la chaleur extérieure est trop importante. Les roches terrestres ne sont pas, ou peu, impactées par le changement climatique externe. Pour se démarquer, ABSolar a décidé d’investir dans le stockage d’énergies souterraines. Une idée novatrice, qui permet de répondre aux besoins de ses clients à n’importe quel moment, en transformant, et en contenant en continue, l’énergie des sous-sols. “Le stockage est la clé de transition énergétique”, précise Hervé Lautrette.

Aujourd’hui, on est à la croisée des chemins, il faut se réinventer, mais sans chercher bien loin.

Aujourd’hui la géothermie reste en périphérie des énergies concurrentes, puisque principalement utilisée pour la chaleur et l’eau chaude sanitaire. En France, seul le site de Bouillante en Guadeloupe produit de l’électricité grâce à la géothermie. Ce retard de développement est dû, en grande partie, à un marché qui n’évolue plus. “Ça ne bascule pas car quand vous faites de la prospection pétrolière, ça peut vous coûter plusieurs centaine de millions d’euros, mais c’est amorti en même pas 6 mois. En géothermie, c’est pas six mois, c’est 15 ans”, déplore le fondateur d’ABSolar.

Dans l’Hexagone, 68% de l’électricité que nous consommons est produite via le nucléaire. Les énergies fossiles, bien que limitées, restent majoritaires sur le globe. “Les acteurs de l’ancien monde devront basculer vers un nouveau système économique”, confie le CEO de ABSolar, en ajoutant que, “aujourd’hui, on est à la croisée des chemins, il faut se réinventer, mais sans chercher bien loin. Pas besoin de mettre des milliards sur la table, on a ces ressources géothermiques provenant des sous-sol, qui sont infinies”.

Conscients de la limite imposée par certaines sources d’énergies, « de nombreux acteurs du fossiles et du pétroliers se penchent sur la géothermie ». Bien que la géothermie vise, à terme, remplacer les énergies fossiles, Hervé Lautrette préfère parler d’une sorte de fusion. “Les acteurs du fossile ont une expérience indéniable, une expertise immense, dont devra s’inspirer le secteur de la géothermie (…) notre seul problème, c’est que tant qu’aucun acteur majeur ne fait le choix de promouvoir notre technologie, elle restera marginale”. 

Des initiatives soutenues par la Région

Si la géothermie est certes encore loin de concurrencer les autres technologies énergétiques, d’autres projets voient peu à peu le jour en Nouvelle-Aquitaine. Lors de la commission permanente du Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine du 25 mars dernier, la région, qui par ailleurs parie sur le développement de la géothermie pour chauffer ses lycées, a par exemple décidé d’octroyer 180 000€ à la société de géothermie Tézaure, située à Bordeaux. L’objectif derrière ce soutien financier est de permettre à l’entreprise de développer son marché local, en investissant dans l’achat de nouveaux appareils de forage.

« Chez Tezaure, on veut faire du bon travail, pour développer la filière dans la région, et pour ça, on a besoin de gens sérieux. C’est le message que je veux faire passer », explique Sébastien Colas, Président et fondateur de Tezaure. Soucieux des problèmes environnementaux, Sébastien Colas a décidé d’inscrire son projet dans la feuille de route Néo Terra, la stratégie régionale qui vise à développer et soutenir la transition énergétique pour contribuer à un monde plus durable. « Je me suis inspiré de cette charte pour rédiger mes objectifs et notre statut, car on veut contribuer à la transition énergétique par le déploiement de la géothermie de surface en France et en Nouvelle-Aquitaine. C’est un peu notre raison d’être », développe le Président de Tezaure.

La géothermie est un trésor sous nos pieds. On peut clairement se passer de l’énergie fossile pour le bâtiment

Mais au contraire d’ABSolar, qui a fait le choix de se focaliser sur la géothermie comme énergie et technologie de stockage, Tezaure s’est dirigé vers la géothermie de surface. « On creuse un trou qui ne descend pas plus bas que 200m de profondeur. Puis on descend un tube qui fait un aller-retour en circuit fermé, dans lequel on fait circuler de l’eau depuis la surface. Cela nous permet de capter la température du sous-sol, située entre 10 et 15 degrés, et de la faire remonter pour générer du chaud ou du froid », détaille Sébastien Colas. 

L’énergie géothermique produite par le forage de Tezaure vise à alimenter les foyers des particuliers. Et Sébastien Colas l’assure, « pour le bâtiment, la géothermie est un trésor sous nos pieds. On peut clairement se passer de l’énergie fossile pour le bâtiment ». Mais à l’instar d’Hervé Lautrette, le PDG de Tezaure souligne la difficulté que rencontre la géothermie pour se développer. « Le gros combat de la filière c’est de se faire connaître. C’est une énergie qui coche toutes les cases, mais son problème, c’est qu’on ne la voit pas, donc les gens ne la connaissent pas. » 

Autre défi pour le développement de la filière, ne rien lâcher sur la sécurité. Un impératif sur lequel les acteurs ne lésinent pas car comme le précise Sébastien Colas, « le moindre accident peut-être coûteux pour l’image de la géothermie ».

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