En Béarn et au Pays Basque, la terre se refait une santé


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En Béarn et au Pays Basque, la terre se refait une santé

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 13/01/2016 PAR Jean-Jacques Nicomette

Il suffisait de baisser les yeux pour comprendre. « Au début des années 2 000, on voyait bien qu’il nous fallait de plus en plus de puissance mécanique pour avoir des terrains qui répondaient à notre attente. Tout comme on constatait que certains sols devenaient gris. C’est-à-dire qu’ils étaient moins riches en matières organiques » explique Laurent Cruzalebes.

Avec d’autres collègues, celui-ci a donc commencé à réfléchir à de nouvelles méthodes de travail et à s’intéresser à l’agro-écologie. Une démarche que l’association Agro Réseau 64, qui a vu le jour en octobre dernier, cherche aujourd’hui à développer au pied des Pyrénées. Ce qui passe par des principes comme la rotation des cultures, la mise en place de couverts végétaux, ou encore des techniques culturales simplifiées.

Céréales, crucifères et légumineusesAprès avoir tourné le dos à la production laitière pour des raisons diverses (départ en retraite, intérêt économique moindre), l’exploitation sur laquelle Laurent Cruzalebes produit du soja, du maïs, du blé, du colza et de la luzerne a ainsi changé son fusil d’épaule. Pas moins de 130 hectares de couverts végétaux y ont été semés l’automne dernier afin d’aider le sol à se refaire naturellement une santé, si l’on peut s’exprimer ainsi.

Ces plantes regroupent trois grandes familles. Il s’agit de céréales « qui travaillent la surface du sol et stabilisent les matériaux organiques qu’il contient ». Mais aussi des crucifères, tels certains radis, « dont les racines pivotantes permettent de travailler le sol en profondeur ». Et enfin des légumineuses, comme les féveroles ou les vesses, «  qui récupèrent et synthétisent l’azote de l’air afin de le transformer en matière organique ».

Lorsque le moment est venu, ces couverts sont broyés par les agriculteurs qui les laissent sur le sol pour le nourrir et l’enrichir. Vers de terre, micro-organismes, faune auxiliaire… Plus il y aura de vie sous terre de vie, mieux ce sera.

Une alternative au labourCette technique culturale présente plusieurs avantages, explique-t-on au sein de l’Agro Réseau 64. Elle permet de réduire l’emploi des produits phytosanitaires ainsi que des engrais chimiques et des désherbants. Qui plus est, elle n’oblige pas à avoir recours recourir au labour, donc à la machine… et à son carburant.

« Le labour retourne le sol sur 20 centimètres mais il laisse une semelle en dessous » dit Mathieu Etchegarray, qui élève des vaches Blondes d’Aquitaine à Domezain. « Grâce à leur système racinaire, les plantes du couvert, elles, cassent la semelle. Par ailleurs, j’utilise aussi une partie du couvert broyé pour nourrir les bêtes ».

Patience et longueur de tempsCertes, reconnaissent les intéressés, rien de tout cela ne relève de la science exacte.

Il faut passer du temps à observer ses champs, tester, prendre patience et même parfois commettre quelques erreurs sous le regard de voisins dubitatifs. « Il y a ceux qui attendent que tu te plantes. Tandis que les autres jouent la prudence. Les habitudes, c’est ce qu’il y a de plus difficile à modifier » commente Beñat, un éleveur de brebis installé au Pays Basque.

Il est également difficile d’évaluer en quelques mois, ou même en quelques années, l’efficacité du système en termes financiers ou de gain de temps. La nature travaille à son rythme et il faut savoir le respecter.

« La finalité reste d’avoir des cultures rentables, mais dans un système et une approche différents, qui permettent de limiter l’érosion des sols, l’utilisation de produits phytosanitaires et la consommation de carburant » indiquent les membres de Agro Réseau 64. Motivés, ces derniers partagent régulièrement leurs expériences et ils bénéficient de l’aide d’une conseillère agronome de la Chambre d’agriculture, Chloé Wolfrom.

Un label environnementalL’association, qui est allée découvrir une démarche similaire dans le Loir-et-Cher, a prévu plusieurs séances de formation et journées techniques pour la saison 2015-2016. Elle proposera également une « balade en paysage de cultures » le samedi 2 avril, à Arzacq.

Agro Réseau 64 est labellisée « groupement d’intérêt économique et environnemental » (GIEE) par le ministère de l’Agriculture. Ce qui permet à ses adhérents de bénéficier d’une priorité dans certaines aides attribuées par le Conseil régional dans le cadre du programme AREA. Traduisez  » agriculture respectueuse de l’environnement en Aquitaine ».

Pour en savoir plus : http://www.pa.chambagri.fr

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