Emmanuel Macron était attendu par les habitants


Chasseur d'autographes et de selfies étaient au rendez-vous de la visite d'Emmanuel Macron à Saint-Léonard de Noblat en Haute-Vienne...

Emmanuel Macron en visite à Saint-Léonard-de-Noblat. Des jeunes ont séché les cours pour l'interpeller.Corinne Merigaud

Emmanuel Macron en visite à Saint-Léonard-de-Noblat. Des jeunes ont séché les cours pour l'interpeller.

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Temps de lecture 6 min

Publication PUBLIÉ LE 25/01/2022 PAR Corinne Merigaud

Après avoir passé la journée d’hier en Creuse au lycée agricole d’Ahun, à la rencontre d’élèves et de jeunes pour parler d’emploi en zone rurale, puis à Bourganeuf, pour s’entretenir avec des professionnels de santé sur la désertification médicale, le Chef de l’État a fait étape aujourd’hui à Saint-Léonard de Noblat. Il a visité le tiers lieu « L’escalier », ouvert en 2018, et la maison France Services inaugurée le 24 août dernier par Jacqueline Gourault, ministre en charge de la cohésion des territoires. L’occasion d’un grand bain de foule pour répondre aux interrogations des habitants.

Dans la soirée déjà, le dispositif de sécurité était déployé pour accueillir le chef de l’État pour un dîner au restaurant « Le Relais Saint-Jacques ». Une bonne table de la cité médiévale. Il a ensuite passé la nuit à la maison d’hôtes « Le jardin des lys » dont la gérante avait été prévenue en fin d’après-midi, sans connaître l’identité de son hôte. Et ce matin, il planait une atmosphère particulière dans les rues de Saint-Léonard, visite présidentielle oblige.

Saint-Léo, bouclé comme une place forte

 Michel, il est fier de montrer la dédicace du président Macron sur son livre d’or qui ne le quitte pas

Certains avaient fait le déplacement pour voir le président, tenter de prendre un selfie ou pour avoir un autographe. Clément 15 ans a séché un peu les cours ce matin pour profiter de ce moment historique, partageant sur les réseaux son selfie pris quelques minutes plutôt avec Emmanuel Macron. « Je ne savais pas quoi lui dire, je voulais juste faire un selfie et avoir une signature sur mon cahier. C’est cool qu’il soit venu ici dans un endroit perdu comme Saint Léo ! ». Accoudé à une barrière de sécurité, son copain Enzo arrivé trop tard pour un selfie, s’est contenté de suivre le direct du journaliste de CNEWS devant lui … sur son portable.  « J’ai regardé si je voyais mes potes à la télé mais je n’ai pas écouté ce qu’il disait ! ». Quant à Michel (photo), il est fier de montrer la dédicace du président sur son livre d’or qui ne le quitte pas. « Je voulais juste un autographe sous ce petit mot qu’il a lu, je suis très content. »

Pour entrer ce matin dans le centre-bourg, bouclé telle une place forte, il fallait franchir le poste de garde, expliquer la raison de sa visite et ouvrir ses sacs pour une fouille en règle. Des dizaines de personnes arrivaient pour apercevoir ou interpeller le président de la République. A défaut d’accréditation officielle du service de presse de l’Elysée, ce n’était pas gagné d’avance. Le binôme de la Gendarmerie Nationale, compréhensif, n’a pas fait de difficultés. « Et vous savez le pire, c’est que j’habite ici », un détail qui a produit l’effet escompté. Le centre-bourg était à nous. Direction la collégiale pour attendre Emmanuel Macron, juchée au pied du buste du physicien Joseph-Louis Gay-Lussac.



« Je l’ai interpellé sur la disparition des bergers »

Après quelques minutes passées dans l’édifice inscrit au Patrimoine de l’Humanité, il sortait pour s’approcher de la centaine de personnes massées derrière le cordon de sécurité. Le bain de foule allait durer une vingtaine de minutes. Interpellé sur la crise sanitaire, la vaccination, le prix de l’essence, le pouvoir d’achat, la faible rémunération des professionnels de santé… Emmanuel Macron n’a éludé aucune question, soucieux d’apporter une réponse à chaque habitant comme Etienne, éleveur ovin à La Geneytouse, à la tête d’un cheptel de 500 brebis sur 180 ha.

« Je l’ai interpellé sur la disparition des bergers en France mais cela n’a pas eu l’air de l’inquiéter plus que cela ! La moyenne d’âge est pourtant de 55 ans, beaucoup sont polyvalents. Quant au cheptel, il a diminué de moitié en dix ans. Je ne peux employer que deux salariés à quart temps, dont ma femme, j’ai investi 40 ans sur la ferme qui est en bio et j’ai la chance d’avoir des jeunes intéressés pour la reprendre. » Cet expert judiciaire en réglementation agricole près du Tribunal de Limoges s’inquiète quant à la traçabilité des produits importés. « Je lui ai rappelé que la Nouvelle-Zélande ne paye pas de taxes pour exporter poursuit-il remonté, mais il y a plus grave pour la santé des Français, leurs viandes sont frelatées. Il m’a dit qu’il allait augmenter les contrôles. »

« C’est bien qu’il s’intéresse aux petits villages comme le nôtre »

Accompagné de Jacqueline Gourault, d’Amélie de Montchalin ministre de la transformation et de la fonction publiques et de Joël Giraud secrétaire d’État, chargé de la ruralité, Emmanuel Macron s’est ensuite rendu à la maison France Services qui regroupe des services publics et des associations dans un guichet unique. Ouvert depuis le 31 mai dernier à l’initiative du maire Alain Darbon, elle fait partie des 2 000 accessibles dans l’Hexagone pour faciliter les démarches administratives des citoyens.

Force est de constater que nombre d’habitants méconnaissent l’étendue des services qu’elle peut apporter à commencer par la jeune génération. « Je sais qu’on peut faire les cartes d’identité » lance Enrique. Après une lecon d’explication à deux lycéennes de 1ère, elles lancent un laconique « C’est utile et c’est bien qu’il s’intéresse aux petits villages comme le nôtre. ». Les adultes semblent mieux renseignés à l’image de Catherine. « J’utilise France Services pour faire mes papiers, ma mutuelle, préparer ma retraite, c’est super pratique. Tout est centralisé même si actuellement c’est ouvert uniquement sur rendez-vous à cause du Covid. »

Même enthousiasme chez Martine. « Cela permet de résoudre des problèmes avec différents services publics, c’est vraiment un plus surtout dans une ville comme Saint-Léonard pour les habitants et les gens des alentours. » Christian y voit une solution adaptée pour des publics parfois non formés aux outils numériques. « Cela permet de simplifier l’administratif et d’être plus proche des gens. C’est très bien pour les personnes qui ne sont pas assez habiles avec Internet, par exemple, pour faire une carte grise. C’est indispensable en zone rurale. » La dématérialisation a créé un fossé entre les « geeks » et les oubliés de la toile.

Une vache multicolore sur le parcours du président

 Au tiers-lieu « L’escalier », ouvert depuis plus de trois ans, des conseillers numériques ont un rôle de médiation en formant les citoyens aux nouvelles technologies et en les accompagnant dans leurs démarches sur le web. Il abrite également sur 350 m² un espace de coworking, un café associatif et une salle pour accueillir des concerts ou des activités proposées par des associations. Labellisé « Fabrique de territoire » pour trois ans, il dispense depuis quelques semaines une formation de conseillers numériques. Ils seront ensuite déployés dans différentes structures et collectivités de la Haute-Vienne. A moyen terme, le président fondateur Vincent Robert compte ouvrir un fablab et un musée du numérique. Ce lieu a été imaginé pour rassembler les habitants et acteurs locaux autour du numérique et du patrimoine tout en créant du lien social.

L’utilisation d’internet n’a plus de secret pour Clément. Euphorique d’avoir pris un selfie avec le président de la République, il l’a vite partagé sur les réseaux

Pour Jean-Pierre, « c’est un endroit ouvert à tous les gens qui veulent apprendre à utiliser Internet en mettant des ordinateurs à disposition ». Vendeuse indépendante, Catherine a trouvé un moyen peu onéreux pour exercer son activité. « J’ai déjà loué un bureau, cela ne coûte que 8 € de l’heure. Les gens qui le gèrent sont sympas et à l’écoute, ils organisent aussi des concerts. C’est un lieu de rencontres de toutes les générations avec un espace de convivialité. Une offre supplémentaire sur la commune et qui a créé des emplois. »

Le cortège présidentiel est reparti à 12h30 pour se rendre à Oradour-sur-Glane. En chemin, il a croisé une vache multicolore. Des habitants de Saint-Just-le-Martel ont montré leur mécontentement suite à la décision prise par le chef de l’Etat d’ouvrir une maison internationale du dessin de presse à Paris enterrant ainsi le projet martelois. Emmanuel Macron a terminé son séjour en Haute-Vienne en rencontrant Robert Hébras, le dernier survivant du massacre d’Oradour-sur-Glane, lui remettant la décoration de commandeur de l’Ordre du Mérite.


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