Lapeyronnie illustre son propos en citant ce mot d’un habitant qui trouve un travail à une trentaine de kilomètres du quartier. Il tient deux mois et démissionne: » je me sentais exilé » dit-il.
Autre point central:les rapports entre hommes et femmes. Ils sont au coeur de l’organisation du quartier. La « race des hommes » s’accommode mal du « sexe des femmes » . Il y a, pour reprendre le propos d’un femme du quartier, » celles qui n’oublient pas d’où elles viennent et les autres, les putes francisées ». Il y a , estime Lapeyronnie, une grande détresse sexuelle et affective, avec des hommes » consommant du bordel ou de l’internet ».
Toutes les formes de féminisme » et d’affirmation des femmes posent problème. L’enjeu , c’est la domination de l’un au masculin sur l’autre au féminin. Les frustrations et les impassent, celles du sexe cumulées à celles de la pauvreté, mènent au désarroi et à la colère .Cette question du rapport entre hommes et femmes constitue » une dimension centrale du racisme, le thème sexuel revient de façon systématique dans le discours des gens racistes ».
Le ghetto fabrique des hommes et des femmes qui savent qu’ils ne méritent pas leur exclusion « ils ont le sentiment qu’ils ont une vie plus dure que ce qu’ils valent. Ils n’ont pas la possibilité de faire vivre leurs potentialités et sentent que leur vie se déroule sans qu’ils puissent vraiment la vivre. C’est pire que la misère. ».
La colère gronde. Explosera t-elle encore? C’est plus que probable, mais le sociologue s’abstient évidemment de toute prédiction.
M.P. Mémy