Des simulateurs numériques dans les écoles d’infirmiers de Nouvelle-Aquitaine


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Des simulateurs numériques dans les écoles d’infirmiers de Nouvelle-Aquitaine

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Temps de lecture 6 min

Publication PUBLIÉ LE 10/12/2019 PAR Julien PRIVAT

Apprendre le métier d’infirmier grâce à la réalité virtuelle, c’est désormais possible dans les 27 IFSI (instituts de formation en soins infirmiers) de la région Nouvelle-Aquitaine. C’est au Centre de formations paramédicales (CFP) de Niort, qui compte plus de 400 élèves infirmiers qu’a été présenté ce dispositif de tablettes, d’ordinateurs et de casques de réalité virtuelle, appelé Serious Games. Il permet d’acquérir des connaissances et des compétences requises pour les différentes activités du métier d’infirmier. Il s’agit d’un véritable simulateur en soins infirmiers basé sur 10 compétences pédagogiques. Évaluer les situations, établir un diagnostic, concevoir et conduire un projet de soins, voire les prodiguer, voilà les différentes possibilités qu’offre l’entreprise SimforHealth avec son simulateur, Serious Games, qui répond aux besoins pédagogiques et aux attentes des apprenants. 

Le CFP de Niort possède également deux mannequins haute fidélité afin d'apprendre les gestes avant de les faire sur le patient

A Niort et comme dans beaucoup d’écoles d’infirmiers le CFP dispose déjà de deux mannequins haute fidélité. L’un est installé dans une salle de soin reproduite à l’identique et l’autre chez un patient. Des outils très intéressants pour apprendre les pratiques des soins médicaux. Par groupe de six étudiants (deux en action et quatre qui observent), ils font face à différents scénarii. De l’autre côté du mur, dans une autre pièce, le professeur permet au mannequin d’interagir avec les apprentis. Il le manie et le fait réagir en fonction des gestes de ces infirmiers en formation et peut même le faire parler. Cependant, ce dispositif coûte cher,  puisque les mannequins valent de 55 000 à 100 000 euros selon leur niveau de fidelité. 

La région investit dans les simulateurs

Autre solution pour apprendre les gestes avant de les faire directement sur les patients, développer la réalité virtuelle. La société bordelaise SimforHealth répond à cette problématique puisqu’il s’agit d’un éditeur spécialisé en simulation numérique. L’entreprise a co-conçu avec les formateurs d’IFSI de la région Nouvelle-Aquitaine un programme complet de formation à l’aide de simulateurs numériques appelés Serious Games. Il leur a fallu deux ans de développement. « Ce projet nous tenait à coeur, explique Jérôme Leleu, président de SimforHealth. Les Serious Games ont été établis avec une équipe pédagogique et des ingénieurs spécialistes en 3D, ainsi que des professionnels de santé. Maintenant nous allons continuer de les développer avec les gens sur le terrain ». Ces Serious Games ont été mis à disposition des 27 instituts de formation de soins infirmiers de la région. Il a fallu financer les équipements informatiques, aussi bien ordinateurs, tablettes, casques de réalité virtuelle que des connexions très haut débit, pour 1,6 million d’euros pris en charge par la région Nouvelle-Aquitaine. L’objectif : faire des IFSI de la région des écoles de formation à la pointe. Une opération intéressante aussi pour SimforHealth, qui tient d’une certaine manière son leadership dans les applications numériques de formation, et qui espère l’étendre au niveau national et même international.

« Jamais la première fois sur le patient »

Comme tous les IFSI de la région, celui de Niort a adhéré immédiatement au projet. « A la suite de l’appel de la région pour y participer, c’était une évidence pour nous », confie Amanda Dubray, directrice des soins et coordinatrice générale du CFP de Niort. Deux formateurs niortais ont participé à la mise en place des Serious Games. « C’est un bel outil pour l’apprentissage. A Niort, nous souhaitons developper cette méthode indispensable pour former les prochains infirmiers et même les autres professionnels de santé », poursuit-elle. L’établissement compte 403 étudiants infirmiers (144 en 1re année de formation, 130 en 2e année et 129 en 3e année), désormais ils auront accès à 35 situations de soins via les Serious Games. Histoire qu’ils ne s’exercent jamais la première fois sur le patient. Un dispositif que la directrice des soins et coordinatrice générale du CFP de Niort compte étendre aux autres formations de son établissement, que ce soit avec l’IFAP (Instituts de Formation d’Auxiliaire de Puériculture) ou l’IFAS (Instituts de Formation d’Aides-Soignants). Elle envisage même de les faire travailler ensemble sur quelques scénarii. 

Mis à part le casque de réalité virtuelle, les étudiants infirmiers disposent d'un logiciel disponible sur les ordinateurs et simulant diverses situations en fonction de l'avancée de leurs cours.

Difficile dans le secteur de la santé de passer de la théorie à la pratique. Désormais plusieurs possibilités s’offrent aux étudiants infirmiers niortais. Dans la salle informatique, ils disposent d’ordinateurs qui leur donnent accès à une plateforme qui reprend les compétences abordées durant leur semestre de cours. Les élèves doivent prendre des décisions  dans un jeu immersif, une reproduction 3D qui se rapproche de la réalité. A chaque poste, ils sont deux étudiants, ce qui permet des échanges co-constructifs et du raisonnement. Ils réalisent des examens cliniques, observent, prennent  la température, la tension, la pression artérielle… ils doivent tout de même suivre la procédure comme s’ils se trouvaient  en situation réelle. Au fur et à mesure de leur avancée, des questions sont posées, ils sont guidés. Un entraînement avant la mise en pratique. 

Une première en réalité virtuelle

Une mise en pratique qui va passer d’abord par l’autre outil qui est la réalité virtuelle. Les étudiants sont immergés. Ils agissent grâce aux casques de réalité virtuelle qu’ils ont enfilés. Pour ce petit groupe de troisième année, c’est une première. « Les casques sont arrivés en septembre, nous avons fait quelques tests. L’environnement est réalité et permet une mise en situation à l’échelle », indique Sandrine Delarue, formatrice et cheffe de projet simulation au CFP de Niort. Après un petit topo et une rapide prise en main, c’est Stéphanie Joulain qui s’y confronte la première. A 45 ans, cette élève de troisième année, en reprise d’études après avoir exercé en tant qu’aide-soignante, découvre cette technologie de pointe. « C’était la première fois que j’essayais un casque de réalité virtuelle, explique-t-elle. Au début, j’étais un peu perdue. Il faut se repérer, savoir comment les commandes fonctionnent. Une fois habituée, il n’y a plus qu’à suivre les instructions ». Après les explications et conseils donnés par la formatrice, Stéphanie commence la démonstration. Elle consulte d’abord le dossier médical du patient. Dans la petit salle de cours, les autres élèves regardent et observent ses faits et gestes. Parmi le public, Françoise Jeanson, conseillère régionale, déléguée à la Santé, commente ce nouveau dispositif : « Quand on est dans l’action, on retient mieux. On dit qu’on retient 20% de ce qu’on nous dit et 80% de ce qu’on fait ». L’élève poursuit, elle peut consulter tous les papiers. Des consignes lui sont données. Elle confirme chacun de ses choix. « C’est une simulation à pleine échelle. De nombreuses interactions sont possibles », poursuit la formatrice et cheffe. Ensuite vient le moment du débriefing. Au tableau sont récapitulées chaque action faite par Stéphanie. Tout le monde commente et voit les points à améliorer pour la prochaine fois. « Finalement, nous sommes de vrais acteurs. Ce qui est rassurant, c’est que nous avons le droit à l’erreur. C’est mieux de nous exercer avant de faire ces gestes en vrai », explique Stéphanie Joulain à la fin de la simulation quand elle a enfin ôté son casque de réalité virtuelle. Elle est convaincue que ce dispositif va lui permettre de gagner en sérénité lorsqu’elle aura à faire ensuite ces gestes en situation réelle lors de ces stages.

L’ensemble des 27 IFSI de la région sont donc équipés de ces Serious Games. Des simulateurs à la pointe pour l’apprentissage des futurs infirmiers de la région. Ce programme s’inscrit dans la feuille de route « santé » de la région Nouvelle-Aquitaine. L’entreprise bordelaise, SimforHealth, compte bien étendre ce dispositif sur l’ensemble de l’Hexagone. En tout cas, la région semble pionnière pour la formation dans le domaine de la pédagogie numérique des Instituts de formation en soins infirmiers. Les futurs infirmiers néo-aquitains ne se seront pas exercés la première fois sur un patient réel, ce qui est rassurant et peut permettre de répéter les gestes, les procédures et d’être sans doute en mesure d’établir et respecter les procédures de soins dès leurs premiers pas sur le terrain.

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