l’Himalaya à travers l’espace et le temps
En dehors de la richesse et diversité de ses oeuvres, l’exposition est organisée selon un concept scénographique particulier. Celle-ci ressemble à une traversée chronologique de l’Himalaya d’Ouest en Est. « Il s’agissait de concevoir l’expo comme un voyage à travers l’espace et le temps » explique Emmanuelle Favereau, commissaire de l’exposition. Un autre élément caractéristique était d’assortir les régions concernées de différentes couleurs. « On a ainsi associé le bleu-encre au Cachemire , la région de l’Himachal/Pradesh est verte en raison des ses riches espaces forestiers, pour le Tibet par contre, on s’est inspiré des bonnets des moines qui sont jaunes ».
l’Himachal/Pradesh – la région oubliée
La visite commence donc par le Gandhara, région située au Nord-Ouest de l’Inde, célèbre pour ses représentations sculptées du Bouddha, qui ont d’ailleurs été, en grande partie détruites au début des années 2000 par les Talibans. Après un bref passage par les sculptures de bronze du Chachemire, on entre dans l’Himachal/Pradesh, une région enclavée de l’Inde « coincée » entre le Penjab et le Cachemire, loin des grandes routes commerciales et qui a, de ce fait, pu être épargnée de nombreuses invasions. Le public peut ainsi y découvrir une offre artistique très riche en commençant par les « mohra » de bronze – portraits de divinités, utilisés lors de cérémonies annuelles. « Tous les mohras que vous voyez ici possèdent quelques défaillances, mais paradoxalement, c’est uniquement grâce à ces défauts que l’on a pu les récupérer ; étant donné qu’un mohra abîmé est immédiatement destiné, par les populations locales, à être refondu. » précise la commissaire de l’exposition.
Chasser les démons avec… un masque
l’Himachal/Pradesh propose par ailleurs la découverte d’une multitude de masques représentant des démons de l’hiver et les dieux protecteurs Hanuman et Ganesh. Portés lors du festival Fagli, ils servaient à chasser les démons de l’hiver vers les montagnes ou les forêts. aux côtés des masques on retrouve encore les « rumals » (mouchoirs brodés), des petites pièces de textile de coton brodées de soie, illustrant des scènes de la mythologie hindoue. Rien de particulièrement exceptionnel si ce n’est que les rumals devaient être identiques recto-verso par respect envers la divinité.
Le Nagaland et ses coupeurs de tête
La plus grande surprise réside cependant dans la découverte des arts du Nagaland. Une région se trouvant entre le Bangladesh et la Birmanie, ignorée encore jusqu’au XIXème siècle, peuplée par des chasseurs-coupeurs de têtes Nagas. « Le but était précisément de surprendre les gens, de leur faire part d’une culture dont peu étaient au courant » ajoute Mme Favereau. En admirant les différentes créations des Nagas on notera très vite une certaine ressemblance aux arts africains avec des statuettes en bois foncé, ou des bijoux faits de perles, coquillages et cornaline.
Un art « fonctionnel »
C’est donc un panorama artistique impressionnant de l’Himalaya qui attend tous les curieux et amateurs à la Crypte de Sainte Eugénie à Biarritz. Une exposition qui n’aurait tout de même jamais été possible sans le principal prêteur des oeuvres – Michel Postel – fondateur du deuxième plus grand musée asiatique de France – Asiatica. Ce Biarrot d’origine, après plus de 40 ans vécus en Inde, fait partager sa passion pour cette culture, où chaque objet d’art jouit d’une fonction religieuse ou sociale particulière. « La notion de « l’art pour l’art » n’existait pas » rappelle Mme Favereau. « Celle-ci n’est arrivée que très récemment ».
« Voyage dans l’himalaya »
du 11/04 au 28/06 Crypte Sainte Eugénie à Biarritz
Ouvert tous les jours de 14h à 19h – Fermé le mardi
Tarif unique : 4 €. Gratuit jusqu’à 12 ans