Crises aviaires : indemnités et bio-sécurité Dominique Graciet veut préparer l’avenir


Solène Méric

Crises aviaires : indemnités et bio-sécurité Dominique Graciet veut préparer l'avenir

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 13/01/2017 PAR Solène MÉRIC

A l’exception du vignoble bordelais, dont le marché a été « relativement soutenu », l’année 2016 ne laissera pas un bon souvenir dans la mémoire des professionnels agricoles. « 2016 a débuté avec l’influenzia aviaire et le virus endémique H5N1 qui a entraîné un vide sanitaire sur 18 départements, causant une perte de 9 millions de canards et de pas mal de poulets aussi. » Sur les récoltes hivernales : « elles ont été calamiteuses tant en rendement, qu’en prix et en qualité », et l’appréciation n’est pas meilleure pour les récoltes d’été : « les sécheresses violentes ont mis à mal le maïs dans le sud de l’Aquitaine ». Quant à l’élevage, et notamment en bovins viande et bovins lait, on se rappellera « d’une crise des revenus sans précédent ». Au total les revenus agricoles 2016 sont très mauvais (tous secteurs confondus); même le Cognac n’a pas brillé, en raison d’intempéries qui ont mis a mal le vignoble, indique Dominique Graciet.

« Rendre le fonds de mutualisation sanitaire obligatoire pour tous »Et pour l’heure 2017, n’est pas davantage engageante avec cette nouvelle crise aviaire qui connaît un virus « très virulent », là où celui de 2015/2016 était plus faiblement pathogène. Venu avec les oiseaux migrateurs il a d’abord touché le Tarn puis le Gers, les Hautes-Pyrénées, les Landes et les Pyrénées-Atlatiques.
« On a mis en place un couloir sanitaire, mais on assiste à un déplacement du foyer de plus en plus vers l’Ouest, là où les zones de productions sont beaucoup plus denses, alors que l’Est est en train de s’assainir », explique inquiet le Président. L’abattage en cours est fait au sein de quatre abattoirs dans la zone concernée par le dépeuplement. « L’Etat a déjà débloqué 14 millions d’euros pour l’abattage des animaux et les indemnisations des éleveurs, mais nous sommes en train de négocier pour une prise en charge sanitaire de ces dépeuplements. Notre objectif est de pouvoir inclure les élevages de volailles dans le Fonds de Mutualisation Sanitaire. On attend de l’Etat, qu’il le rende obligatoire (ce qui n’est pas le cas actuellement, ndlr) pour toutes les filières au niveau national, ainsi permettre un système de réassurance des éleveurs entre eux grâce à leurs contributions.»
Une solution comme un paliatif à un système assurantiel, qui selon le Président de la Chambre régionale d’Agriculture, n’est pas à la hauteur des risques: « cher, avec des franchises et pas toujours adapté ».

Des investissements visant à préparer l’avenirMais au-delà de ces mesures liées à l’éradication et à l’indemnisation, Dominique Graciet insiste sur la nécessité d’une meilleure protection contre ces virus de grippe aviaire et leur dissémination rapide. « L’Etat a mis 14M€. Il peut continuer ainsi : chaque année nos élevages vont subir de tels virus… Mais ce même argent pourrait être mis dans des investissements visant à préparer l’avenir à mieux protéger la zone pour les années à venir ».
Au-delà des normes de bio-sécurité lancées suite à l’épizootie 2015-2016 qui visent à créer des entités sanitaires indépendantes les unes des autres, bien d’autres vecteurs sont à étudier et améliorer pour diminuer les contaminations d’un élevage à l’autre, estime Dominique Graciet. Le tout sans remettre en cause, la production « liberté », un des points forts de la valorisation des productions régionales.
D’abord, poursuivre la mise en quarantaine d’une zone d’un rayon de 3 km autour d’une exploitation, dès qu’un cas est suspecté, sans attendre le retour des analyses, dont le délai est de 3 ou 4 jours. Mesure qui « permet ainsi d’éviter tout mouvement d’animaux ».
Ensuite, soutenir les éleveurs dans la construction de bâtiments d’élevage plus modernes, permettant des désinfections plus simples et efficaces que dans les anciens bâtiments. Le transport est également concerné par les axes d’amélioration à trouver, notamment au niveau des cages ou des containers, avec toujours la même problématique autour de l’amélioration du nettoyage et de la désinfection. A ce sujet le pôle de compétitivité landais, Agrolandes, dédié à l’agriculture et agroalimentaire, qui en est à ses balbutiements, s’est déjà emparé du problème et « est en cours d’expérimentation d’une vingtaine de cages », indique Dominique Graciet. Le système de nettoyage en lui même (eau froide vs eau chaude) est aussi interrogé par le Président, « ce qui soulève aussi derrière la question du traitement des eaux usées et contaminées sur l’exploitation ». Au total un véritable chantier technique sur les bâtiments, le transport, la manipulation des animaux, qui appellent nécessairement à des investissements.

L’indispensable sujet de la vaccination

Mais au-delà des ces éléments techniques de bio-sécurité, se pose aussi la question de la vaccination. « Elle devrait pouvoir intervenir en complément des mesures de bio-sécurité. La vaccination est très utile pour contenir le développement d’un virus, sans avoir besoin d’envoyer par prévention 800 000 voire 1,3M animaux à l’abattage… »
Plus globalement au niveau régional, des rapprochements ont lieu avec le Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine pour examiner la possibilité de créer un cluster de la bio-sécurité afin de mieux connaître ces virus et donc mieux s’en protéger.

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