Coup de pression basque contre les résidences secondaires


Depuis le 1er janvier, les candidats à l'achat d'une résidence secondaire au Pays basque sont "invités" à acheter un bien qui est déjà une résidence secondaire, pour préserver le logement des locaux. Un ultimatum qui risque de faire du bruit!

DR Herrian Bizi

Les associations de la plateforme Se loger au Pays basque Herrian Bizi, lors d'une action récente contre la "prolifération" des résidences secondaires.

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 10/01/2024 PAR Cyrille Pitois

Face à la crise du logement qui frappe le Pays basque et contraint de nombreux salariés jeunes ou moins jeunes à habiter de plus en plus loin de leur lieu de travail, une trentaine d’organisations locales, certaines militantes et activistes dans le domaine du logement et d’autres comme des associations plus généralistes, mais aussi des syndicats, ou des partis politiques, annoncent qu’elles vont dénoncer et rendre la vie moins paisible aux candidats à l’achat de résidences secondaires.

Actions non violentes et bruyantes

« Si vous voulez acquérir une résidence secondaire au Pays basque, achetez un bien qui est déjà une résidence secondaire, » résume Jean-Noël Etcheverry, dit Txetx, l’un des porte-parole de la plateforme Se loger au Pays basque-Herrian Bizi. A ne pas respecter cette consigne, les candidats pourraient s’exposer à ne pas bénéficier de la tranquillité escomptée, prévient le collectif dont tous les membres se réclament de la non-violence, mais fourmillent d’idées pour des actions symboliques ou bruyantes.

Jean-Noël Etchevery, alias Txetx, porte-parole de la plateforme et militant de l’association AldaAlda association

Jean-Noël Etchevery, alias Txetx, porte-parole de la plateforme et militant de l’association Alda

Cette initiative prise à l’issue de la manifestation du 1er avril dernier à Bayonne, est en phase opérationnelle depuis le 1er janvier. « C’est un ultimatum pour empêcher que des résidences principales ne se transforment en résidence secondaire ou que de nouvelles constructions soient affectées à des résidences secondaires. »

La part de logements en résidence secondaire est déjà de 20 à 24 % sur l’ensemble du Pays basque, avec des pointes à près de 50 % dans des communes comme Guéthary, Saint-Jean-de-Luz ou Biarritz. « Si les acheteurs ne respectent pas l’appel, ils seront désignés et perçus comme contribuant à la crise du logement. Nous organiserons des mobilisations autour d’un certain nombre d’entre elles, » promet Txetx en décrivant cette étrange loterie.

Des initiatives sont pourtant prises par les élus de la communauté d’agglomération qui imposent désormais des mesures de compensations aux propriétaires de logements consacrés aux locations de type Airbnb. Le gouvernement a également intégré, fin 2023, le Pays basque parmi les zones d’encadrement renforcé des loyers. « Ces mesures vont dans le bon sens mais créent des effets de bord : les propriétaires sont tentés de remettre ces logements en vente pour échapper aux mesures et donc de renforcer encore le marché de la résidence secondaire. »

Créer une servitude de résidence principale

Alors qu’en Suisse, les résidences secondaires sont limitées aussi bien en nombre qu’en surface, les Basques attendent avec impatience une législation adaptée en France. Depuis 2021, et la première manifestation qui a réuni 8000 personnes dans les rues de Bayonne, les organisations demandent une servitude de résidence principale qui permette aux élus locaux de rendre obligatoire un taux de 80 à 90 % de résidences principales selon les quartiers ou les zones. « Il y a urgence à stopper la prolifération, d’autant que le marché de la résidence secondaire contribue au surenchérissement du prix de l’immobilier. »

Toute région où le droit au logement de la population locale n’est plus assuré, mérite de bénéficier des outils légaux que l’on va gagner.

Un coup de pression contre le droit inaliénable et sacré à la propriété ? Txetx n’hésite pas une seconde : « Le droit d’avoir un logement passe avant celui d’en avoir deux. Il y a trop de travailleurs en CDI qui passent des nuits dans leur bagnole. C’est contre la population locale que la pression est trop forte : il y a trop de locataires, familles ou personnes âgées, qui se retrouvent sous le coup d’un congé, parce que le propriétaire veut vendre au plus offrant. C’est là qu’est la pression. C’est même de la violence. »

Au Pays basque plus de 20% des logements sont des résidences secondaires avec des pointes à près de 50%, comme ici à Biarritz.

Les actions destinées à entretenir un bruit de fond qui va peut-être encourager les candidats à l’acquisition à respecter l’appel, ne sont pas divulguées dans le détail. « Certains mouvements n’excluent pas d’héberger des personnes à la rue dans des résidences secondaires, » souffle Txetx. Un mouvement qui pourrait déraper ? « C’est le fait de ne pas avoir des réponses à la hauteur de la situation qui ouvre le chemin de la violence, » prévient Txetx, qui remarque aussi que les avancées à obtenir pourront répondre à d’autres situations critiques sur le littoral Atlantique, en Bretagne ou sur la Côte d’Azur. «Toute région où le droit au logement de la population locale n’est plus assuré, mérite de bénéficier des outils légaux que l’on va gagner. »

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