Contre le vol agricole : la Cuma a gagné le gros lot !


Dans les Landes, la Cuma de Sarraziet s'est vue remettre le boitier intelligent Kikho, conçu par la société GO4ioT, en prévention du vol du matériel agricole. Les agriculteurs sont conquis par l'outil !

Solène MÉRIC | Aqui

La Cuma de Sarraziet a reçu Pascal Lavaur, concepteur du Kikho, solution de prévention contre le vol d'engins agricoles

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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 01/04/2021 PAR Solène MÉRIC

Mardi 30 mars, 10 heures, sous le bâtiment ouvert de la Cuma de Sarraziet dans les Landes, c’est un moment un peu inhabituel qui se prépare. Avec le matériel agricole en fond de décor, s’attroupent là une dizaine d’adhérents à la structure, le directeur de la fédération des CUMA 640 (comprendre 64 et 40), deux représentants du Crédit agricole Aquitaine et au centre de l’attention, Pascal Lavaur, Président fondateur de la start-up bordelaise GO4ioT et concepteur d’un petit appareil plus malin que les voleurs d’engins agricoles, d’engins de BTP ou de voitures de collection : KHIKO.

Si le moment est un peu particulier, c’est que les agriculteurs présents ce mardi matin s’apprêtent à découvrir le lot remporté par leur Cuma (Coopérative d’utilisation de matériel agricole) dans le cadre de la tombola annuelle de la Fédération des CUMA 640. Une tombola, ou une manière inattendue pour leurs partenaires, ici la Caisse régionale du Crédit agricole Aquitaine (CRCAA) de les soutenir. Le gain en question, offert donc par la banque : un petit boitier blanc, rond et plat baptisé Khiko dont la vocation est la prévention contre le vol de matériel agricole notamment. C’est peu dire alors qu’il suscite la curiosité et l’intérêt des présents. Et pour cause, la Cuma de ce territoire entre Tursan et Chalosse, abrite quelques beaux engins principalement dédiés à ses activités premières de mise en culture et de récolte.

Un tracteur en moins, c’est autant de travaux agricoles empêchés
« Si dans le coin, admet Pierre Sourbié, Président de la Cuma de Sarraziet, il n’y a jamais eu de vol d’engins, de matériels ou d’outils comme les GPS, c’est un phénomène qui est malheureusement de plus en plus répandu ». Et le directeur de la Fédération des CUMA 604, Richard Finot de confirmer que ce genre de méfait a en effet déjà été remonté du terrain sur les deux départements que sa fédération couvre. Et le préjudice n’est pas négligeable. « Un outil GPS, c’est entre 15 000 et 16 000 euros, et il faut ajouter un abonnement d’environ 400 € par an, estime Pierre Sourbié. C’est un préjudice important pour une structure comme la nôtre, d’autant que la manipulation pour le retirer n’est pas forcément bien compliquée. »
Pour ce qui est du Kikho dont la Cuma se voit la chanceuse récipiendaire, le choix est déjà fait, il sera installé sur le tracteur 200 chevaux de la structure. Un patrimoine de 130 000 euros, que le boitier permettra ainsi de garder à l’oeil, lui et son GPS, pour peu que la sentinelle embarquée soit bien positionnée. Au-delà de la perte financière que le vol d’un tel engin représenterait pour la quarantaine d’adhérents à la Cuma, c’est aussi un risque de pertes de productions importantes duquel ils veulent se prémunir. Un tracteur en moins, c’est autant de travaux agricoles empêchés, et donc des pertes assurées pour le noyau dur de la quinzaine d’adhérents qui y font régulièrement appel sur leurs exploitations. Bref, avant même que son concepteur, Pascal Lavaur, ne prenne la parole, le produit séduit.

« Plus on alerte tôt, plus on peut agir vite »
Et tout au long de la rencontre, la petite boîte ne fera que gagner en intérêt pour les adhérents. Selon la version du Kikho choisie, vissée ou collée, elle ne pourra être retirée par un éventuel voleur qu’avec une meuleuse ou à coup de masse… Une première garantie de sécurité qui impressionne l’assistance. « De toute manière, dès qu’on essaie de taper dessus, le boitier vous alerte en temps réel par un sms, un email ou en option par un appel », poursuit Pascal Lavaur qui synthétise : « l’idée c’est que plus on alerte tôt, plus on peut réagir vite ».
Car au-delà de ce système d’alerte lié à une tentative d’extraction, le petit boitier qui reste en permanence actif, a l’autre grand avantage d’avertir le ou les propriétaires que l’objet sur lequel il est fixé, « que ce soit une antenne GPS, un tracteur, une moissonneuse ou simplement la porte d’un hangar agricole », est en train de se déplacer. Une alerte qui ne troublera pas le propriétaire qui en effet vient de démarrer son tracteur, mais pourra par contre légitimement inquiéter celui qui est occupé à une tout autre tâche que la conduite de l’engin en question.
« Si ce n’est pas un des salariés ou adhérents de la CUMA qui est au volant du tracteur, alors Kikho continuera à envoyer des alertes et sa géolocalisation via une triangulation effectuées à partir de 3 réseaux de connexion différents » explique le concepteur qui précise qu’un tel niveau de sécurité, qui ne se contente pas du simple réseau GSM, « trop simple à brouiller », permet à la fois « d’éviter les zones blanches, mais aussi de continuer à émettre (et donc éventuellement à pouvoir retrouver, ndlr) le matériel s’il était amené à passer les frontières de l’Europe ».

La Cuma de Sarraziet a reçu Pascal Lavaur, concepteur du Kikho, solution de prévention contre le vol d’engins agricoles

 


En lice pour le Sima Innovation Award
Autres points forts, la fabrication française, entre Nouvelle-Aquitaine et Occitanie, « l’absence d’abonnement » et « l’optimisation de la batterie », déclare le patron ingénieur de formation de Go 4 ioT, qui dans ce domaine est incollable. Il a en effet lancé sa société d’internet des objets en 2018, après 20 ans passés chez Saft… entreprise spécialiste des batteries s’il en est. Le petit Kikho peut donc tenir un an, entre chaque charge ! « Selon moi, un bon objet connecté c’est un objet qu’on oublie, et dont on ne retient que le service », synthétise Pascal Laveur, qui aura visiblement conquis les agriculteurs, aux mille et une questions sur l’objet : « puisque on ne peut pas le retirer que ce passe t-il en cas de changement de propriétaire ? », «  Le Kikho peut-il avoir plusieurs personnes en contacts ? », «  Comment sait-on qu’il faut recharger la batterie ? », « Où placer l’objet ? », « Quelle est sa durée vie espérée ? », « Pourquoi ce nom, Kikho ? », etc.
Mille et une questions et mille et une réponses toujours précises de la part du chef d’entreprise dont le produit a déjà été exposé à deux reprises au Salon du numérique de Las Vegas, a été lauréat des Sommets d’Or 2020 du Salon de l’élevage de Clermont-Ferrand, et est en lice cette année pour le Sima Innovation Award, nominé dans la catégorie électronique. Un bien beau CV démontrant tout l’intérêt et le caractère innovant du produit, confirmé par l’intégration de son entreprise au sein du très prisé Village by CA. Il n’y a en effet pas de hasard à ce qu’il ait été choisi par le Crédit Agricole Aquitaine pour être le lot offert à la fameuse loterie de la fédération des CUMA 604… A mi-chemin entre les startups du numérique et les acteurs agricoles, « la Banque fait ainsi le lien entre ses partenaires et assure la mise en réseau », confirme Mickaël Perocheau, Expert Développement Marché Agricole au sein de la CRCAA.

Après la Cuma de Sarraziet, la Cuma « Côteaux de la Gélise » à Mézin en Lot-et-Garonne et enfin la Cuma du Ciron à Bourideys en Gironde se verront à leur tour remettre le fameux boitier Kikho. Il est fort à parier que l’engouement soit le même dans ces deux autres départements. Pascal Lavaur, lui est ravi de cette expérience de terrain, « c’est toujours stimulant de rencontrer des clients ! ».

 

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