Biarritz: le festival, « sismographe » de la télé, va s’emballer


F. D.

Biarritz: le festival, "sismographe" de la télé, va s'emballer

Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 09/01/2016 PAR Felix Dufour

« Cette année, nous fêtons la 29e édition du FIPA, mais le vingtième anniversaire de son mariage avec Biarritz. C’est-à-dire des noces de porcelaine, ce matériau imperméable -c’est parfois utile à Biarritz- et translucide a lancé en préambule le président du Festival international de programmes audiovisuels (FIPA) Didier Decoin, écrivain, scénariste, et secrétaire général du Prix Goncourt qui, en 1977, a récompensé une de ses œuvres, « John l’enfer ».
L’enfer, c’est ce qu’a connu la France l’an dernier un an jour pour jour de cette présentation du Festival coïncidant avec l’assassinat de nos confrères de ‘Charlie Hebdo ». Un moment qu’il n’a pas manqué d’évoquer, tout comme le secrétaire général du festival François Sauvagnargues qui marquera cette nouvelle édition d’une empreinte indélébile. « Le programme de cette édition interroge le monde tel qu’en lui-même. Tous les soubresauts de notre planète on en verra les traces dans les films projeté. Cette édition 2016 est un véritable sismographe, car il régit aux moindre des mouvements de la télévision. »

Son aiguille ne manquera de connaître des soubresauts avec quatre d’entre eux: « Du côté des vivants », un documentaire de création de David André et de Bruno Joucla, évocation de l’attentat du 7 janvier à travers les récits de leurs proches et des miraculés; « Salafistes » aussi, écrit et réalisé par François Margolin et Lemine Ould Salem, sur le discours des Salafistes et la rhétorique jihadiste. « Une plongée en eau profonde des journalistes qui parfois fait peur, annoncre Didier Decoin. Qui pose la question sur la relation entre celui qui filme et celui qui est filmé. Entre le bourreau et le témoin. Comment gérer ce genre de situation? Comment faire pour que des scènes d’horreur ne soient pas esthétiques? », s’interroge le président du Fipa. Sur le même thème, figure « Syrie: les escadrons du Jihad », une immersion de correspondants de guerre au cœur des des brigades jihadistes un documentaire français de Farouk Altig et Yacine Benrabia. « Ce festival est aussi un moyen d’essayer de pouvoir se forger une idée sur ce qui nous arrive. Il y a des choses et des changements de l’histoire qui sont bouleversants…. », ajoute Didier Decoin. Un balayage qui n’éludera pas pour autant les problèmes de l’Ukraine, avec trois films et trois points de vue différents et enfin les migrants avec « Friedland », un film allemand sur ce camp qui depuis 1945 accueille des demandeurs d’asile venus du monde entier, ou encore un film écrit par Sarah Lebas, « L’île aux enfants de l’exode », des mots d’enfants pour rconer le départ d’une Syrie en guerre et l’arrivée sur l’île grecque de Lesbos

140 œuvres de tous les genres 7 jurys pour 20 prix
Pendant les six jours de ce festival, du 19 au 24 janvier, qui en 2014 avait accueilli 26500 spectateurs l’an dernier, dont 2400 scolaires et des étudiants en journalisme et techniques de l’audiovisuel, distribuera 20 prix. « Nous avons visionné 1300 films pour n’en retenir que 140 issus de 70 pays dans la sélection, explique le délégué général François Sauvagnargues. Il y aura six catégories en compétition: fiction, série, documentaire de création, Grand reportage et investigation, musique et spectacles, Smart Fip@. Cette dernière catégorie est dédiée à la production digitale et anticipe l’avenir audiovisuel en misant sur les écritures tactiles, olfactives et gustatives. « Ce n’est pas inimaginable que l’on puisse demain avoir les odeurs, d’une émission culinaire, l’iode d’un reportage sur Biarritz. Il y a 15-20 ans, je pensais que vous jetteriez votre vieux poste de télévision, il ne le savait pas mais il était déjà mort, et il est remplacé par l’écran plat. Je prédis que la télévision, ou ce qui la remplacera donnera le bon goût, le bon parfum. La télé va devenir l’immédiateté. On ne lit plus, on écrit plus, on est dedans », imagine Didier Decoin.

Comme chaque année, ce festival retrouvera le Fipa industry lancé en 2014, la plateforme professionnelle dédiée à l’ensemble des professionnels engagés dans la création d’oeuvres audiovisuelles. Dans le cadre de ses focus thématiques le FIPA 216 mettra à l’honneur la création audiovisuelle ibérique, un choix assurément dicté par l’opération Donostia 2016; Saint-Sébastien capitale européenne de la Culture….

Tables rondes et une foule de personnalités de la télé et du cinéma
À l’image du Festival Biarritz Amérique latine de septembre, le FIPA ne se cantonne pas aux salles obscures. Éclaté sur quatre sites, dont la salle des Ambassadeurs du casino, et l’espace Bellevue qui domine la Grande plage, « robuste mais susceptible d’intéresser le grand public à travers des débats et des rencontres », comme le qualifie François Sauvagnargues, il présentera le vendredi 22 janvier à 10 heures, « Audiovisuel, les grandes manœuvres » avec la participation de la Bayonnaise Delphine Ernotte-Cunci, la nouvelle  présidente-directrice-générale de France Télévision, de la ministre de la Culture Fleur Pellerin,  Olivier Schrameck, président du CSA, etc….
Ce même jour à 14 heures, à l’espace Bellevue, un table ronde sur le thème, « Le documentaire peut-il se passer de la télévision? » et le samedi 23 janvier à 15 heures, salle des Ambassadeurs du casino municipal, table ronde sur « L’islamisme radical en question », avec des réalisateurs de documentaires que nous avons cités ci-dessus.
Mais ce n’est pas tout. En effet une kyrielle de comédiens et personnalités de la télévision sera présente. Avec notamment  le mercredi 20 janvier à 14 heures, salle des Ambassadeurs du casino, une rencontre avec le comédien Kad Merad qui viendra présenter en avant-première « Baron noir » une série diffusée sur Canal+. Il interprète Philippe Rickwaert, député-maire du Nord de la France, un politique pas très clair. Tout comme un autre face-à-face avec Mathias Enard, prix Goncourt 2015 avec « Boussolle » qui sera interrogé par le secrétaire général de ce prix, Didier Decoin. Sont annoncés également parmi quarante-cinq comédiens et réalisateurs, Louise Bourgoin, Alexandra Lamy, Thierry Frémont, Nicole Garcia, Marc Lavoine, Denis Podalydès, etc..

« Il est impossible de compter le nombre de chaînes de télévision qui innervent la planète, avertit le président du Fipa, dans son édito du dossier de presse. Seule certitude: elles sont cinq ou six fois plus nombreuses que les 6812 langues parlées ou écrites par l’humanité. La télévision est donc superbabélienne? Oui, et on doit s’en réjouir. Car la Tour de Babel n’est pas le symbole d’un échec de la communication: elle instaure au contraire les conditions de cette altérité sans limites qui garantit la pluralité des idées. Or, face à l’immensité, il faut des guetteurs. Et c’est l’ambition du Fipa  de proposer une veille passionnée des programmes audiovisuels ou à naître à travers le monde… »

Comme l’an dernier, ils seront nombreux à cette veille du premier compagnon de notre civilisation.

Inscriptions, renseignements et le détail du programme: www.fipa.tv

Partagez l'article !
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Laissez vos commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

On en parle ! Pyrénées-Atlantiques
À lire ! CULTURE > Nos derniers articles