Bayonne : comment sauvegarder un espace rare à la périphérie d’une ville


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Bayonne : comment sauvegarder un espace rare à la périphérie d'une ville

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 29/03/2008 PAR Joël AUBERT

Venant du centre de Bayonne, franchissant l’Adour et remontant vers le nord, vous arrivez quartier Saint Etienne, traversez la cité Habas et ses HLM et, empruntant une petite route goudronnée, vous arrivez en pleine campagne. Une vraie surprise, une propriété miraculeusement protégée du béton, entre la RN 10 et le D 107; près de 12 hectares qui sont un havre de paix, par la grâce d’une nature bien faite et bien entretenue, des côteaux très verts, des pins maritimes dominateurs et une petite vallée où se glisse un ruisseau. C’est là que vivait un maraîcher, M.Bellecave, dont la propriété s’organisait autour d’une grosse bâtisse de 422m2, de 4500m2 de serres attenantes, de 4 hectares de maraîchage en plein champ, d’un hangar avec chambre froide et, en contrebas, d’un étang servant à l’irrigation des culture.

Un espace convoité

L’homme est décédé à l’âge où l’on continue à prendre, chaque jour, rendez vous avec un métier très attachant. Jean-René Etchegarray, adjoint au maire de Bayonne en charge de l’urbanisme, comme le maire, Jean Grenet, avaient un oeil sur cet endroit, évidemment convoité par les promoteurs. Bayonne est une ville qui s’enorgueillit, légitimement, de disposer, déjà, de 27% de logements sociaux et reste attentive à conserver une certain équilibre. « En réalité, M.Bellecave était déjà venu me voir, il y a au moins six ans, rapelle M.Etchegarray, conscient de la pression foncière qui s’exerçait à la périphérie de Bayonne où l’avenir des terres agricoles est un véritable problème. Au décès du propriétaire se posait la question de la succession; une fille infirmière à Paris n’envisageant pas de reprendre l’exploitation. C’est alors qu’en nous appuyant sur tous les outils existants et avec la Safer qui a mis en place une série de dialogues nous avons pu trouver une solution d’ensemble; la municipalité y était d’autant plus intéressée que les serres municipales actuelles de Bayonne, sont à l’étroit et que nous pouvions les réinstaller à cet endroit. »

La maîtrise publique

Vue de la maison d'habitationAlain Haurie conseiller foncier au Pays Basque résume l’histoire d’une opération qui a nécessité beaucoup de patience, de réunions, et aboutira à la maîtrise publique d’un espace rare. « Pendant un an après le décès du maraîcher, il n’ y a plus eu aucune activité sur l’exploitation. Nous étions en contact et informés de l’intention de vente de la fille du propriétaire; au départ la Safer ne pensait pas à acquérir ce bien. La situation familiale était à priori délicate: deux grands mères vivant sous le toit de la grande maison dontl’une avec sa fille et l’autre avec un fils handicapé. Nous avons tenu compte de tout cela et c’est vrai que l’intérêt manifesté par la ville de Bayonne a joué un grand rôle. Nous avons donc acheté cette propriété à l’été 2007, à l’exception d’un terrain de 4.000 m2 que la propriétaire a souhaité conserver pour y construire, un jour peut être, une maison. Parallèlement, nous avons défini un droit d’usage respectant les nécessités famiiiales: le maintien dans les lieux jusqu’à l’été 2009, c’est à dire pendant deux ans, d’une personne et sa fille et de l’autre, pour Mme Bellecave et son fils l’assurance de pouvoir continuer à vivre, là, jusqu’au décès de la mère.

Chacun sa partition

Il n’est pas besoin de beaucoup d’explications pour comprendre que mener à bien pareille opération requérait, certes beaucoup de technicité mais également une grande part de tact. Un atout supplémentaire, de taille, est venu s’ajouter au dispositif prévu: la création de l’EPFL, l’Etablissement public foncier local, fraîchement mis en place sous l’égide du Conseil Général, dont l’unedes missions essentielles est la possiblité d’acquérir des terrains et de les « porter » pour le compte des collectivités. C’est ainsi que l’EPFL, en bonne intelligence avec la Safer, allait acheterune partie du terrain qui dans le Plan Local d’Urbanisme a vocation à être aménagée ainsique les bâtiments pour le compte de la ville de Bayonne, ce que celle-ci ne pouvait faire. Arnaud Portier qui dirige le tout jeune établissement avait la réponse : « un projet publique paraissait intéressant et nous sommes intervenus pour assurer la garantie de bonne fin dont la Safer avait besoin ». On aura garde d’oublier la possibilité, en cours d’étude, de location, à titre précaire, de terres cultivables notamment par le biais de convention de mise à disposition comme le rappelle, au nom de la Safer, Alain Haurie.

Plan de la répartition
En rose : Département des Pyrénées Atlantique
En vert : Ville de Bayonne
En rouge : E.P.F.L.

Résumer le montage général qui a présidé au succès de l’opération c’est:

  1. Reconnaître le rôle de pilotage général de la Safer, acquéreur de la propriété
  2. Souligner celui du Conseil général qui avait la vocation et les moyens d’acquérir 7h30 d’Espaces naturels sensibles
  3. Acter l’engagement de la ville de Bayonne à acquérir 1ha85 de serres et parcelles non bâties
  4. Mettre en évidence le rôle de l’EPFL qui pouvait, pour le compte de la ville de Bayonne, « porter » une propriété bâtie et faire une réserve foncière sur 2ha53.

Alain Haurie qui a oeuvré avec pugnacité, sous les couleurs de la Safer Aquitaine-Atlantique, est tout à fait fondé à constaterque « le résultat est assez satisfaisant ». Il n’aurait pas été possible sans la volonté générale de tous les partenaires de respecter un espace naturel et comme le rappelle M. Etchegarray, « la mémoire d’un homme, un maraîcher attaché à sa terre ».

Joël Aubert

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