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PUBLIÉ LE 21/06/2023 PAR Solène MÉRICQuand on a « inventé » les meubles, chaises ou autres tables en carton certains ont pu sourire. Ceux-là ne sont pas prêts à ce qui suit : Alterkraft, start up hélvético-mérignacaise pousse bien plus loin la logique, en introduisant le carton nid d’abeille en aéronautique ! Dans un secteur qui cherche par tout moyen à décarboner son empreinte, Alterkraft propose de jouer sur la masse des aéronefs. Plus l’avion est léger, moins il dépensera de carburant. Autre atout à mettre au compte de la start-up, sa matière première est toute proche puisqu’elle est produite à Biganos, en Gironde.
Remplacer le métal par le carton
« Nous sommes un exemple concret de décarbonation de l’aviation. L’introduction du carton nid d’abeille permet un allègement de 50% des masses sur les éléments que l’on fabrique », appuie Philippe Tétu le président d’Alterkraft, pensant particulièrement aux chariots alimentaires dans les avions.
L’innovation qui remplace le métal par le carton, est loin d’être anecdotique puisque sur ce type de matériel, « 50 % d’économie de masse, c’est 3,5 % d’économie de kérosène », sachant qu’à chaque kilo de carburant supprimé, c’est 3,16 kg de CO2 rejetés en moins dans l’atmosphère. Bien conscient que l’allègement des chariots pour la gamme cabine est « un marché de niche », la société a travaillé à son ouverture à des marchés plus conséquents en s’attaquant aux conteneurs de soute d’avion. « Sur un long courrier, c’est 1,2 tonne d’économie, c’est très important ! », précise Philippe Tétu.
Mais AlterKraft ne compte pas s’arrêter là, si la start-up ne propose pas encore l’avion en carton nid d’abeille, elle travaille aussi sur le panneautage du carton, avec pour objectif d’avoir une ouverture de marché « vers les meubles et les parties structurelles mais non vitales d’un aéronef ».
293 tonnes de réduction de CO2 par an, 92 tonnes de carburant en moins
La start-up franco-suisse, qui s’attèle avec le soutien d’Airbus développement à l’aménagement de cabine, en Allemagne, a déjà fait le calcul du potentiel de son innovation technologique. « Un avion avec Alterkraft, c’est 293 tonnes de réduction de CO2 par an, 92 tonnes de carburant en moins et potentiellement 650 kg de charge utile supplémentaire », résume son président.
Présent ces jours-ci au salon du Bourget sur le pavillon de la Nouvelle-Aquitaine, il compte bien profiter de l’évènement pour annoncer la certification du carton nid d’abeille auprès de l’EASA et une certification en cours auprès de l’instance américaine, la PDOA. « Nous avons qualifié le carton dans le monde aéronautique », une révolution de poids pourrait on dire.
La start-up ne compte pas s’arrêter là : voilà un an que des travaux sont engagés avec la SNCF. En matière ferroviaire aussi les économies d’énergie, quelles qu’elles soient, sont les bienvenues.
