A Bordeaux, les surveillants de prison menacent de bloquer leur établissement pour protester contre des conditions de travail « déplorables »


DR

A Bordeaux, les surveillants de prison menacent de bloquer leur établissement pour protester contre des conditions de travail "déplorables"

Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 08/05/2008 PAR Nicolas César

« Ça ne peut plus durer ! A Bordeaux, 62 cellules de 9m2 accueillent chacune trois détenus. Certains dorment à même le sol. Nous avons un surveillant de prison pour quatre détenus, alors que les règles pénitentiaires européennes préconisent un surveillant pour deux détenus.On est en insécurité », tonne Alain Guillemet, surveillant de prison depuis 25 ans et secrétaire UFAP-UNSA à la maison d’arrêt de Gradignan, dans la banlieue bordelaise. Il y a trois semaines, dans cette prison, on dénombrait 890 détenus pour 411 places. Un record depuis sa création, en 1967. Inquiets, les agents, réunis mercredi en assemblée générale, ont donc décidé de bloquer l’accès à la maison d’arrêt le 16 mai prochain pendant une heure et demie, afin d’alerter leur direction sur leurs conditions de travail.
L’administration pénitentiaire centrale reconnaît elle-même qu’au 1er avril, 18 établissements pénitentiaires avaient un taux d’occupation égale ou supérieure à 200%. Pourtant, « la France s’est engagée à respecter ses engagements en matière d’encellulement individuel au 1er juillet. On en est très loin…», se désole Jean-François Forget, secrétaire national de l’UFAP-UNSA, le syndicat majoritaire.

« Aujourd’hui, le quotidien des surveillants de prison, ce sont des insultes, des agressions physiques, desmenaces de mort »

« Et, aujourd’hui, ce sont nous les surveillants qui en subissons les conséquences de ces mauvaises conditions de détention. Depuis le premier trimestre 2008, les agressions envers les surveillants de prison ont augmenté de 37% », s’alarme Christophe Marques, secrétaire général FO pénitentiaire. « J’ai peur pour cet été. Avec la chaleur, les conflits sont encore plus fréquents. Je crains qu’une étincelle embrase le reste des prisons », renchérit Alain Guillemet, père de trois enfants. « Aujourd’hui, le quotidien des surveillants de prison, ce sont des insultes, des agressions physiques, desmenaces de mort envers la famille. On en a ras-le-bol ! On lance un SOS à l’Etat ».

Aujourd’hui, il y aurait 12 580 détenus en surnombre dans les prisons françaises, reconnaît l’administration pénitentiaire. L’erreur remonte à 1987, au plan Chalandon, selon Denis Coq, secrétaire UFAP-UNSA en Aquitaine. « A l’époque, l’Etat devait construire 25 000 places de prison. Du fait des restrictions budgétaires, seules 13 000 places ont été créées. ça a été le tournant ». En août, un centre pénitentiaire de 690 places va être ouvert à Mont-de-Marsan dans les Landes, « mais, cela ne résoudra pas le problème. Dans six mois, la situation sera identique », assure Denis Coq. Pour désengorger les prisons, Alain Guillemet suggère de recourir davantage aux mesures substitutives à la prison pour les petits délits et attend beaucoup de la loi pénitentiaire, que Rachida Dati, la garde des sceaux, doit présenter d’ici juillet au parlement. N’oublions pas que la prison est un des piliers de notre démocratie », conclut Jean-François Forget.

Nicolas César

Partagez l'article !
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Laissez vos commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

On en parle ! Gironde
À lire ! POLITIQUE > Nos derniers articles