Alain Gresh, Directeur adjoint du Monde diplomatique : « arrêtons l’arrogance occidentale sur les démocraties arabes »


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Publication PUBLIÉ LE 14/12/2011 PAR Solène MÉRIC

Sur toutes jeunes démocraties arabes, le regard d’Alain Gresh est bienveillant. Peu importe, ou presque, que ce soit les islamistes qui récoltent l’approbation des peuples libérés. Une attitude qui dénote, au milieu des nombreux commentaires désapprobateurs de nos ministres européens, parfois pas loin d’évoquer l’idée d’un gaspillage de démocratie. En effet, en opposition aux discours ambiant sur cette situation que les occidentaux ne s’expliquent pas vraiment, Alain Gresh, n’est quant à lui, pas réellement surpris de ces résultats électoraux.

Frères Musulmans et Salafistes : « identité » et « proximité »Alain Gresh, Directeur adjoint du Monde Diplomatique
Sur le cas très récentdes premières élections égyptiennes, il veut bien admettre qu’il pensait que les Frères musulmans « feraient un peu moins ». Mais ce succès, tout comme celui des Salafistes, peut,selon lui, se justifier pour au moins trois raisons. D’abord, « l’islam a été un élément important de la lutte contre le colonialisme et donc c’est un élément identitaire très fort pour ces peuples ». Ensuite les Frères musulmans existent depuis 1928 ; ils sont donc identifiés par la population, et « face à des adversaires très divisés et confus, ils sont les seuls à porter quelque chose qui ressemble à un programme ». Enfin, concernant les Salafistes, leur succès n’est pas plus une surprise pour Alain Gresh,« ce sont eux qui contrôlent les mosquées, et donc ils sont très proches des gens et particulièrement des plus pauvres, auprès desquels ils sont les seuls à intervenir, notamment d’un point de vue social ».

Inventer leur propre modèle

En outre, face aux discours alarmistes des gouvernants occidentaux et notamment européens, le journaliste souligne au contraire une évolution de la pensée des frères musulmans sur la souveraineté : « pour eux désormais, la souveraineté, c’est le peuple, pas Dieu. »Une évolution qui selon lui « garantit qu’il n’y aura pas de basculement vers une dictature islamiste ».
En réalité, c’est davantage « l’arrogance occidentale » sur ces élections arabes qui alarme le journaliste plutôt que les élections elles-mêmes : « Ces mouvements qui ont mis en marche des millions de personnes dans les rues, comment peut-on vraiment penser qu’ils veulent une dictature ? Nous avons une démocratie de deux siècles et nous n’avons pas un modèle parfait. Ne demandons pas au pays du monde arabe d’y arriver du jour au lendemain ! Il faut qu’ils utilisent leur histoire, leur culture, leur tradition pour inventer leur propre modèle, et je crois que c’est ce qu’ils font.»

Photos: Aqui.fr

Solène Méric

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