L'ÉDITO
par Joël AUBERTUne autoroute serpent de mer
Certes les élections sont passées et l'unanimité est donc plus facile à trouver pour défendre un grand projet comme celui de Bordeaux-Pau ou plutôt Pau-Langon. Mais il fallait quand même réussir à rassembler sous un même libelle, adressé au premier ministre, et écrit de la main du président de la région Aquitaine, Alain Rousset,les signatures du maire de Bordeaux, des présidents de conseils généraux, des parlementaires parmi lesquels François Bayrou, Jean Grenet, Martine Lignières-Cassou, entre autres...Tous pour sauver la "Bordeaux-Pau" ou plus exactement éviter qu'elle ne soit réalisée avec de nouveaux retards. A cet égard, on sait, depuis fort longtemps, que les calendriers politiques ne correspondent pas à celui des bâtisseurs, même privés: 2010? Qui sérieusement pouvait le croire? En l'occurence, à côté d'arguments environnementaux qui ont pesé assez lourd pour entraîner une demande de modifications de l'ouvrage, de la part du Conseil national de Protection de la Nature, soutenu par le ministre Borloo, il y en a d'autres qui, depuis longtemps, ont la vie dure: pourquoi préférer une autoroute payante à une nationale, mise à deux fois deux voies et équipée de sécurités? Lé débat a resurgi et donné des arguments aux opposants à tout nouveau projet d'autoroute, d'autant que dans sa hâte à créer des infrastructures nouvelles, l'Aquitaine va symétriquement se doter d'une Ligne à Grande Vitesse dont le tracé sera souvent très proche de celui de la future autoroute. Après le renoncement à la réalisation du grand contournement de Bordeaux les protecteurs de la nature veulent pousser leur avantage, persuadés qu'en défendant l'espace ils sont les garants de l'équilibre environnemental de L'Aquitaine. Ils seraient en quelque sorte des visionnaires à l'inverse des élus qui croient encore que la route, surtout quand elle relie la capitale régionale à sa dauphine, est incontournable. Ce débat est estimable, même s'il peut paraître surréaliste à ceux qui raisonnent sécurité et égrènent la litanie des victimes d'une liaison qui, si elle avait été réalisée, en temps et en heure, il y a bien longtemps, aurait évité de connaître le destin improbable des serpents de mer.
Joël Aubert