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L'ÉDITO

 par Cyrille Pitois Cyrille Pitois
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28/07/2023

Tu préfères l’autorité ou l’éducation ?

L’ordre et le retour de l’autorité à tous les niveaux. Voilà le projet d’Emmanuel Macron dessiné pour les habitants de ce pays, lundi dernier, comme antidote aux épisodes d’émeutes survenus dans les  quartiers de 500 villes de France, ces dernières semaines, à la suite de la mort du jeune Nahel par un tir de policier.

L’autorité, c’est la méthode éducative des parents de nos parents, avant 1968, quand les enfants et les adolescents avaient le choix entre plier ou se faire corriger y compris physiquement. C’est le recours des petits gradés de l’armée de conscription, lorsqu’elle existait encore, pour faire exécuter des ordres parfois absurdes, histoire de mesurer le degré de soumission des appelés fraîchement incorporés. Et c’est encore la recette de tous les dictateurs du monde pour faire taire les voix dissonantes.

L’autorité c’est ce qui, au nom d’une présumée position de savoir ou de force, édicte des limites, définit des interdits. C’était peut-être le socle d’une société apaisée au début du siècle dernier. Mais ces jeunes du XXIe siècle auxquels le Président veut imposer une autorité ne sont plus les mêmes. Leurs parents ont été bercés aux idées de l’éducation positive. Des spécialistes ont établi que dès  le plus jeune âge, l’enfant doit être considéré comme une personne à part entière, apte à comprendre, à interagir et à s’adapter en fonction des événements et des comportements de ceux qui l’entourent.
Eveillé, sensible, sollicité aussi par tous les médias contemporains, l'enfant est peu enclin à mettre son intelligence survitaminée en
sourdine. Depuis qu'il est bébé, son entourage s'emploie à la stimuler avec le concours d'outils tels que l'image, la lecture ou les échanges sociaux en mode numérique ou non. Pourquoi accepterait-il, tout d’un coup, le retour d’une autorité qui va immanquablement le frustrer ? Ce sera la meilleure incitation à braver l’interdit.
L’alternative à l’autorité, c’est l’éducation. Plutôt que de rappeler sans cesse des règles venues d’une autorité définie comme supérieure arbitrée par une discipline de fer, l’éducation éclaire les décisions à la lumière de l’expérience,  prévient les conséquences des actes irresponsables, sensibilise au respect dû aux autres, décode les règles du bien vivre ensemble et apprend à s’imposer à soi-même des limites pour une vie en collectivité aussi harmonieuse que possible.
De nombreux pédagogues passionnants et passionnés comme Maria Montessori (1870-1952) et bien d’autres ont expérimenté ces sujets. A l’heure de l’intelligence artificielle et des applications smartphone pour presque toutes les tâches de la vie quotidienne, on ne saurait pas jeter les bases d'outils innovants pour repenser l’éducation ? On ferait le choix de s’abriter derrière le concept ringard de l’autorité ?
L’éducation, un truc de rêveur, peut-être. D’ailleurs c’est là que nos
gouvernements successifs échouent avec constance: nous faire rêver.

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