L'ÉDITO
par Joël AUBERTTous candidats pour 2012 : Battra-t-on les records?
Regardons le dernier, quasiment sur la ligne de départ, le sénateur Jean-Luc Mélenchon qui rêve de mettre à exécution le cri lancé sur la couverture de son livre « Qu'ils s'en aillent tous, Vive la Révolution citoyenne ». Il va porter les couleurs du Front de gauche et, probablement, aspirer le parti communiste dans une campagne qui forcera, nécessairement, le candidat du parti socialiste à virer à bâbord.
Restons à gauche : il serait surprenant que le NPA etBesancenot ne s'y collent pas et, même si l'aura du facteur anticapitaliste fait moins recette dans les médias audiovisuels, justement à cause de la percée de Mélenchon, il n'est pas prêt à se«retirer à l'île de Ré ». (1)
Prenons Europe-Ecologie-les Verts : la candidature d'Eva Joly est quasiment actée mais comme elle suscite des doutes, on peut imaginer que Nicolas Hulot, même s'il est « ailleurs », et sans vraie appartenance autre qu'écologiste, se décide à y aller cette fois pour de bon, lui qui se sent trahi par les dérapages du Grenelle de l'environnement.
Au PS, nul n'imagine de candidature dissidente mais les primaires, tardivement organisées, vont exciter chaque jour davantage, les appétits au point que rien n'est impossible vers la fin octobre. On imagine mal quand mêmeque Ségolène Royal, engagée à fond dans une frénétique campagne de terrain, renoncera aisément à s'effacer derrière DSK ou Martine Aubry, si l'un des deux devait l'emporter.
Au centre, il n'y aura pas moins de deux candidats : aux couleurs du Modem, François Bayrou, évidemment dont le challenge sera difficile à relevermais dont on connaît la pugnacité béarnaise,mais aussi un Jean-Louis Borloo, "le radical" qui ne digèrera son échec pour Matignon qu'en cultivant sa différence. Quant à Hervé Morin, du Nouveau Centre, il faudra bien trouver une façon, au-delà du débat démocratique, d'apaiser son égo.
A droite, le sortant de l'Elysée aura fort à faire avec Dominique de Villepin que les risettes des hommes du président auront bien du mal à calmer. Il est vrai que quelque mauvais sondage, fortement suscité, pourrait peu être le dissuader mais rien n'est moins sûr. On aura garde d'oublier Nicolas Dupont Aignan et la constance de ses convictions qui apaiseront les nostalgiques du général. Quant à Marine Le Pen, fraîchement intronisée dans le fauteuil de son père elle est, d'ores et déjà, en campagne et disponible pour labourer, le plus loin possible, les terres des innombrables déçus du Sarkozysme. Nicolas Sarkozy lui-même dans le rôle du rassembleur final tentera l'impossible.
Ce paysage où les visages connus tiennent le devant de la scènedevra être complété par ceux, dits de la société civile, que cette atomisation convaincra de prendre la parole ; le temps d'un premier tour, s'ils passent avec succès l'épreuve du parrainage.
La démocratie trouvera-t-elle son compte dans ce foisonnement ? Il faut craindre que les solutions pour remettre le pays sur les rails et lui redonner la confiance dont il a besoin ne sortent pas de cette grande foire d'empoigne.
Joël Aubert
1. interview à Nice-matin