icone plume

L'ÉDITO

 par Solène MÉRIC Solène MÉRIC
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
08/03/2024

Sous le sceau de la République

La cérémonie de scellement de l’inscription de l’IVG dans la constitution de ce 8 mars s’est voulue marquante à trois titres : le choix de la date, celle de la Journée internationale des droits de la femme, la cérémonie en elle-même, qui en réalité n’apporte rien à la validité de la loi constitutionnelle, et enfin, le choix de l’ouvrir au public. Une première dans l’histoire de la Vème République.

Pur symbole, mais la mémoire des combattantes pour la liberté des femmes à disposer de leur corps, de toutes celles qui en sont mortes ou sont devenues stériles lors d’avortements clandestins, de toutes celles condamnées pour l’avoir pratiqué et de toutes celles condamnées, d’une autre manière, pour ne pas avoir pu y prétendre, vaut bien ça. Toutes les femmes du monde d’aujourd’hui et de demain, victimes des reculs ou de l’inexistence de ce droit, partout trop fragile, valent bien ça aussi.

Depuis plusieurs semaines et plus encore depuis le 28 février dernier, évoquer l’inscription dans la Constitution de la « liberté garantie aux femmes d’avoir recours à l’interruption volontaire de grossesse » est incontournable. Evidemment, il faut s’en réjouir. D’autant plus que l’initiative est soutenue par la quasi totalité des Français. Même par ceux et celles, qui quelques semaines ou années auparavant, soutenaient sur les bancs du Parlement, qu’une telle inscription « surtout symbolique » n’était « pas utile ».

Fâcheux bémol, en revanche, l’absence de Gérard Larcher le président du Sénat, qui place Vendôme, aurait pu participer à ce grand moment de cohésion nationale puisque ses réserves, traduites par son vote d’abstention au Congrès n’était parait-il que purement formelles. Une abstention physique pour laquelle il ne faudrait faire « aucune interprétation politique », selon ses amis LR. Pas facile quand même…

Avec les libertés fondamentales, on ne mégote pas, on prend tout. Qu’importe les tourments des consciences pourvu qu’il y ait l’ivresse d’une liberté, non plus seulement conquise mais désormais sacralisée… par la République. Répétons et répétons le encore : la France a raison d’être fière d’avoir inscrit la garantie de cette liberté, à défaut d’un droit, dans sa Constitution. Soyons fiers du poids normatif réel que cela lui confère mais soyons fiers aussi du symbole que cela représente en matière de progrès pour les droits des femmes et des hommes.

Il ne faut pour autant pas oublier la fragilité de tout symbole, celle du risque de la coquille vide. L’affirmation de la garantie constitutionnelle d’une liberté c’est bien, sa mise en pratique sans encombre, c’est mieux. Et les freins, y compris en France, sont encore nombreux pour permettre l’accès à l’IVG quel que soit les profils, les origines sociales ou le lieu d’habitation. En France, 17% des avortements sont réalisés hors du département des patientes. En Nouvelle-Aquitaine, c’est plus de 20 % en Dordogne, 25,6 % dans les Landes et 29,9 % en Creuse.
Au-delà des symboles, il y a toujours les combats.

Laissez vos commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

A lire ! Éditos précédents