L'ÉDITO
par Joël AUBERTSachons trouver notre cabane… d’ici, d’Aqui!
Voici une manière de projet personnel qui, à juste titre, semblera déraisonnable à ceux qui ne rêvent que de grasses matinées, de rosé frais, de palourdes, huîtres sauvages et de mulet de roche grillé. Déraisonnable certes mais pas invraisemblable. Car nous ne savons plus vivre sans ce bain satellitaire qui nous submerge et déverse dans nos tuyaux, et jusque dans nos fibres, toutes sortes d'informations qui ne sont même pas triées et classées.
Donc, c'est promis Aqui.fr restera branché tout l'été, spécialement pour vous proposer ses choix de sorties et ses coups de cœur, ses beaux endroits et des livres à lire. A ce propos je conseille à ceux qui ne l'auraient pas encore lu d'emporter le livre de vie de Sylvain Tesson « Dans les Forêts de Sibérie », formidable récit de six mois passés dans une isba de bois, sur les bords du lac Baïkal ». Je le rouvre, ce matin du 8 juillet, à la page 248 sur ces phrases, teintées de nostalgie, écrites là-bas loin de tout, dans une nature à l'état brut : " il y avait auprès de ma vie une fille qui savait oublier ce qu'elle avait lu. Elle nourrissait une dévotion pour toutes les formes du vivant. Nous traversions la Camargue. Nous ramions dans les marais salants, sur les canaux, le long des lagunes. Les escadres de flamants volaient dans les plumes du soleil couchant. Le soir, au bivouac, des nuées de moustiques. Je les écrasais, je les bombaradis de produit chimique. La fille : « Moi, je les aime. Ils piquent mais il en faut pour chacun. En outre grâce à eux, des zones infestées ont été préservées de l'homme et les autres animaux ont pu y vivre en paix. » Ces mots suscitent en moi un réel écho, en ces jours où je constate, joyeux, que six petites hirondelles nées sous la grange se posent sur les fils avant de partir à la chasse aux moustiques, devenue de plus en plus aléatoire hors les zones de marais.
Vacances! Vacances... A défaut d'isba lointaine, sachons trouver "notre cabane" le temps de regarder la nature. Prenons par exemple de bon matin le sentier qui mène à l'étang du Cousseau pour observer de la vieille dune les sarcelles, plantons notre regard sur la chaîne depuis le pic de Sesques que l'ours aimait tant fréquenter, perdons-nous dans la forêt de la Double peuplée de légendes, fixons l'horizon marin depuis la plage de Contis, sachons aussi tout simplement rêver de l'Amérique depuis les côteaux de Garonne. Il y a tant à découvrir.
Et puis retrouvons les amis qui ne sont pas tous sur facebook mais que nous avons tant de plaisir à retrouver, là-aussi.