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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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16/09/2010

Roms: l’Europe en colère et le monde désolé

La main sur le cœur, le premier ministre en mission, et nécessairement sur ordre, a dû expliquer que la France respectait les traités et que l'expulsion des roms ne saurait être comparée, sauf extrême malveillance, aux rafles des juifs sous l'occupation. Viviane Reding, la commissaire européenne à la justice, a donc fini par s'excuser en convenant que la France ne basculait pas dans la shoah.
Certes, les charters qui ramènent en Roumanie ces citoyens européens frappés de dénuement avec un modeste pécule fourni par l'Etat français, n'ont rien à voir avec ces wagons plombés dans lesquels on entassait des populations hagardes en direction d'Auschwitz. N'en demeure pas moins un profond malaise qui va grandissant, s'internationalise, de Berlin à Washington, et plonge les chancelleries comme nombre de braves gens dans un sentiment de désolation. Qu'est-ce donc que ce pays terre des droits de l'homme, chantre de la déclaration universelle, ce pays qui décrète que des camps doivent être démantelés où, de surcroit, tel haut fonctionnaire écrit une circulaire qui désigne une ethnie à connaître un sort inférieur ? Serait-ce la France ? Eh! bien oui, hélas c'est bien la France, ce pays qui est le nôtre, dans lequel trop de citoyens ont du mal à se reconnaître, le matin, en se rasant.
Depuis le discours de Grenoble quelque chose, de l'ordre de l'indignation, a basculé ; le sentiment qui nous habite d'ordinaire que la République est notre patrie commune et que cela nous crée une obligation supérieure de respect de l'autre. Nicolas Sarkozy est entré en campagne électorale avec la fougue jubilatoire qu'on lui reconnaît depuis 2007 ; il a fait d'une question qui appelle hauteur de vue, sang froid et humanité un thème de politique politicienne. Il a du même coup plongé les Français dans une manière de doute malsain, propice à tous les dérapages verbaux ; il l'a fait avec excès et suscité, ici et là, une sympathie pour ces roms pourtant si peu considérés, à moins qu'ils ne le soient...que de façon très négative, sur le mode de l'ennui. Et, il ne s'est point embarrassé de quelque jugement européen à venir ... Voilà comment, d'un excès à l'autre, Mme Reding s'est emportée tandis que les roms, rentrés au pays, ne pensent qu'à en repartir.

Joël Aubert

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