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L'ÉDITO

 par Cyrille Pitois Cyrille Pitois
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09/02/2023

Retraites : le calendrier qui fâche

Les coïncidences du calendrier sont parfois désastreuses. Cette semaine débute le débat parlementaire sur la réforme des retraites, dont l’objectif affiché serait d’éviter un déficit annuel qui pourrait atteindre, selon le gouvernement, 13 milliards d’euros par an, d’ici 2030. Cette même semaine, Total publie ses comptes, affichant des profits qui flirtent avec les 20 milliards d’euros.

Ainsi l’enjeu financier du projet de réforme qui exige des Français qu’ils travaillent plus longtemps pour sauver le système par répartition, pèse sensiblement moins lourd que les bénéfices d’une seule entreprise du pays.   

Évidemment rapprocher les bénéfices d’un groupe pétrolier de dimension mondiale au besoin de financement d’un système de solidarité ne vaut pas grand-chose aux yeux de n’importe quel économiste.

Au mieux peut-on peut espérer que les vingt milliards d’euros de l’entreprise vont être à terme, réinjectés dans la grande roue de l’économie sous forme d’investissements ou de placements via la rémunération des actionnaires. Donc in fine, des emplois avec des salaires et des charges, et donc du carburant pour la machine économique avec des prélèvements et des charges au bénéfice de la protection sociale, retraites comprises.

On ne va pas exiger de Total et d’une poignée d’autres d’aller signer un chèque spécifique pour « sauver » les retraites. La subtile mécanique des prélèvements sociaux de tout poil s’en charge déjà à différentes étapes de la chaine de production et de consommation (TVA, CSG… ) Notre système libéral favorise le développement de l’entreprise et c’est sur les richesses qu’elle dégage que les états viennent puiser les ressources nécessaires pour financer l’éducation, la santé, la sécurité… Encore que Total constitue un cas particulier : le groupe tricolore échappe majoritairement à l’impôt en France puisque ses activités les plus rémunératrices prospèrent sous des destinations exotiques.

Les résultats financiers faramineux de cette entreprise démontrent surtout une chose aux yeux des Français qui s’opposent au projet de réforme. Il y a d’autres solutions à envisager, d’autres financements à mobiliser pour pérenniser les retraites, plutôt que de se focaliser sur l’âge. L’argent est là pour revaloriser les salaires des femmes éternellement à la traîne de la moyenne des rémunérations, pour offrir des postes aux seniors écartés de la vie professionnelle après la cinquantaine ou pour réduire les temps partiels non choisis.

Il y a des leviers à saisir pour ajuster les rémunérations et par ricochet, augmenter mécaniquement les cotisations. Le partage de la richesse ne mérite-t-il pas un grand débat ?   

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