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L'ÉDITO

 par Cyrille Pitois Cyrille Pitois
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21/04/2023

Retraites: la fin du match ou le début des prolongations?

La séquence de la réforme des retraites est donc derrière nous, selon le gouvernement et le Président de la République. La vie reprend comme avant. Et tant pis pour les rabat-joie qui n’ont rien compris. Le Président et les ministres retournent au contact des Français, reconnaissant implicitement au passage qu’ils s’étaient peut-être éloignés d’eux. Eh là, pas si vite ! répliquent les syndicats et plusieurs groupes parlementaires qui n’ont pas l’intention de débrancher de sitôt le haut-parleur de la contestation.  

Prochaine étape significative de la mobilisation, le 1er mai est le jour où l’on s’échange un brin de muguet pour se dire tout le bonheur du monde et où les syndicats rendent traditionnellement hommage aux combats ouvriers.  

L’enjeu de ce 1er mai 2023 sera beaucoup moins symbolique que d’habitude. Soit les Français considèrent que l’épisode est effectivement refermé et qu’il faudra désormais composer avec cette réforme, devenue loi, par la magie d’une nuit élyséenne. Et ils se remettront au boulot en comptant leurs cheveux blancs. Soit on va assister à un regain significatif de mobilisation.

Face à un appel à manifester, il y a ceux qui chaussent les baskets et qui y vont. Et il y a tous ceux qui pensent y aller, qui iraient même volontiers et qui au final restent chez eux ou vont vaquer à d’autres occupations. Ils invoquent un tas de bonnes raisons : la météo, un travail qui ne peut se passer d’eux, une absence totale de culture de la mobilisation, un leadership des syndicats dont ils ne partagent pas les postures… Des motifs aussi nombreux que plus ou moins fondés et qui relèvent de la liberté de chacun.  

Avec l’appel du 1er mai prochain, on va voir surgir de nouveaux profils de manifestants. Des futurs retraités qui s’étaient contentés jusqu’ici de maugréer devant leur téléviseur, en espérant que la pression populaire et parlementaire allait quelque peu infléchir le projet gouvernemental de les faire travailler plus longtemps. Mais aujourd’hui, ces citoyens restés dans l'ombre constatent que les freins sont lâchés, avec l’absence de vote par la grâce du 49.3, la bénédiction du Conseil constitutionnel et le coup de talon du Président qui promulgue dans une forme d’urgence.  

Tous ceux qui sur le fond de la réforme n’avaient peut-être pas une opinion très tranchée, mais qui, sur la forme, sont lassés et même outrés par un fonctionnement démocratique pour le moins chaotique, vont peut-être franchir la ligne et manifester pour la première fois.

Le gouvernement a sorti l’extincteur: des voyages express dans les départements, pour financer ici des canadairs, annoncer là, une augmentation des salaires des enseignants. Sans doute fondées, ces mesures continuent de fracturer. Pendant que les pompiers et les profs sont “servis”, le burn-out des infirmières, des greffiers et magistrats (pour ne citer qu’eux) continue de s’aggraver. Comme les résultats financiers faramineux de certains groupes industriels ou de grands noms du luxe communiqués ces dernières semaines, ces annonces démontrent surtout qu’il y a de l’argent disponible dans ce pays. Sauf pour financer les retraites.    

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