L'ÉDITO
par Joël AUBERTRentrée : le réel et la diversion
Convenons-en, cette rentrée de septembre inquiète le pays et plus largement l'Europe entière. Celle-ci subit de plein fouet le contrecoup de la folle crise des "subprimes" que les Etats-Unis ont exportée avec leur lot de conséquences pour la croissance mondiale, sans oublier les pertes abyssales de nombre de grandes banques de chez nous qui auront, au moins, appris à être plus prudentes avant de faire route avec leurs alliées d'outre Atlantique. L'inflation dont l'Europe semblait s'être débarrassée a refait son apparition, aiguillonnée par la flambée du prix du baril de pétrole et représente un défi sérieux pour le pouvoir d'achat. C'est bien là que le gouvernement est le plus sérieusement attendu car il ne veut pas entendre parler de la moindre relance, tout occupé à ses réformes de structures, c'est à dire à son programme général d'amaigrissement de l'Etat. Changer de cap, maintenant, lui semble impossible, sauf à se renier. François Fillon sera donc l'homme d'une seule politique, avant que Nicolas Sarkozy, selon la pratique en usage sous la V° République, ne siffle la fin de son mandat pour redorer l'étoile présidentielle. Il est vrai que l'homme de l'Elysée, toujours expert dans l'art de la communication qui, pour lui, se confond avec l'exercice de la responsabilité politique, a pris tout le monde à contre pied avec l'annonce de la taxation du capital. La gauche, obligée de reconnaître qu'il a osé pour la bonne cause, celle du revenu des plus "pauvres", la majorité obéissante malgré la mauvaise humeur du patronat. Au passage, notons qu'il convient d'être prudent sur l'assiette de cet impôt qui reste encore méconnue.
Nicolas Sarkozy a donc fait diversion, fidèle à sa pratique du pouvoir; il saisira la moindre opportunité de continuer, en y impliquant des hommes classés à gauche. Oui, la diversion devient une manière de gouverner. Les difficultés du plus grand nombre n'en seront pas moindres pour autant. Et les Français l'ont compris; ils revoient, déjà, leur façon de vivre et consommer. On ne leur fera pas croire aux miracles; ils ont plus que jamais besoin de vérité comme notre démocratie a besoin d'une opposition qui joue son rôle au lieu de continuer à se donner en spectacle.
Joël Aubert