L'ÉDITO
par Joël AUBERTRégionales J-30: le piège tendu à la gauche
Et que l'occasion de présenter aux citoyens le rôle des Conseils régionaux dans l'organisation de la vie quotidienne serait laissé de côté ou caricaturé.
A cet égard, les campagnes lancées sur le thème de l'explosion des impôts régionaux seraient acceptables si, sur le fond, elles n'étaient dérisoires. La fiscalité levée par lesRégions ne représenteque 2% de la fiscalité nationale et son poids moyen par habitant ne dépasse guère trois euros. Encore, faut-il ajouter que cette fiscalité n'est pas le fruit d'un impôt direct mais de taxes, assises en particulier sur le foncier bâti et la taxe professionnelle, qui d'ailleurs va disparaître ... pour être remplacée, on ne sait trop encore comment.
La démagogie fleurit donc avec un entrain mortifère : ces Régions coûtent trop chères, ces départements aussi ; on va donc les décapiter et reprendre la main sur une manière de contre pouvoir jugé inacceptable. L'ennui vient de ce que l'Etat, qui fait la leçon aux collectivités, vient de faire exploser les déficits du pays et que, de l'avis de la très rigoureuse Cour des Comptes, la crise n'explique pas tout ; la moitié de ceux-ci lui étant directement imputables. Les Régions, pour leur part, qui se sont parfois laissées aller dans leurs dépenses de fonctionnement, font remarquer qu'elles n'ont pas le droit, légalement, de faire du déficit. Elles recourent, cependant, à l'emprunt pour conserver un niveau d'investissementcompatible avec leurs projets, d'ailleurs le plus souvent liés au développement économique et à la formation. Le citoyen n'est que peu averti de cela, malgré les efforts de communication entrepris. C'est tout juste s'il commençait à comprendre que s'il dispose de trains régionaux de meilleure qualité, de lycées dignes de ce nom pour ses enfants, de logements neufs sur les campus universitaires, il le devait à ces Régions pointées du doigt pour leurs dépenses excessives. A vrai dire, le débat en cours témoigne d'une politisation qui, depuis bien longtemps, n'avait pasfait autant dans la caricature. Une ligne voulue pour légitimer la reprise en main générale des collectivités par l'Etat, dans une approche dont la gauche aurait tort de croire qu'elle ne marchera pas. Il suffit d'entendre la droite, Xavier Bertrand la main sur le cœur, jurer qu'elle n'augmentera pas l'impôt pour prendre la mesure du piège qu'elle lui tend. Il lui reste un mois pour expliquer et convaincre et pas seulement pour hurler à la mort.
Joël Aubert