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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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21/10/2012

Quand une maman perd son bébé sur le bord d’une autoroute dans le Lot…

Car, aussi pénible soit-elle, la perte de ce bébé sur une route du Lot ne doit pas masquer une réalité plus globale : celle des inégalités d’accès aux soins dans notre pays. Lors d’un colloque qui s’est tenu, il y a un an, à l’initiative de la région Aquitaine, le professeur et géographe de Montpellier Emmanuel Vigneron affirmait : «  Jamais dans notre pays on a eu une aussi grande inégalité des états de santé entre différentes parties du territoire » Et de citer des lieux, près de chez nous, où les taux de décès prématurés pouvaient être de 20% supérieurs à la moyenne nationale. Dans ce constat, est-il besoin de souligner à quel point les territoires ruraux sont souvent les plus exposés? Par exemple, en Aquitaine, la situation du Lot-et-Garonne est fréquemment évoquée comme caractéristique de ce qu’il est convenu d’appeler « désertification médicale "; elle recouvre d'ailleurs des réalités différentes. Les patients y sont souvent loins du premier médecin généraliste accessible mais, plus encore, du spécialiste qui, lui-même très sollicité, ne pourra satisfaire sa demande de rendez vous avant plusieurs mois. L'actuel ministre du budget, Jérôme Cahuzac, maire de Villeneuve-sur-Lot, n'hésitait pas à tirer la sonnette d'alarme en mars dernier. Encore faut-il rappeler que dans ce département 110 des 277 médecins généralistes ont plus de soixante ans. Du même coup, les pouvoirs publics, à commencer par le Conseil général, en liaison avec l'Agence Régionale de Santé, tentent de convaincre, à l'aide d'incitations au logement ou d'aides aux transports, de jeunes internes en milieu hospitalier de s'installer en milieu rural ...

Les efforts entrepris pour définir des Plans régionaux de santé ne sont d'ailleurs pas négligeables mais il reste énormément à faire pour corriger les inégalités, en se posant la question du respect de la personne et de l'efficacité des "soins primaires". Et, ceci, à un moment où les plus jeunes des médecins s'éloignent psychlogiquement de la ligne défendue par leus ainés, en faveur du maintien de la médecine libérale. Et ne rechignent plus face à la perspective du salariat. Ils peuvent y être encouragés, d'ailleurs, par des situtations aberrantes où certains médecins libéraux dont les cabinets ne désemplissent pas s'obligent à ne pas travailler pour ne pas devoir se justifier auprès de l'Assurance maladie. Ubu au pouvoir.... De fait, un concept nouveau voit les jours en milieu rural, celui de Maison de Santé pluridiscplinaire.

En tout cas, l'équilibre d'une politique de santé publique ne doit pas s'attacher qu'à la question de l'urgence. Certes, trop de maternités et d'hôpitaux de proximité, ont été rayés de la carte, souvent au prétexte bien commode des risques encourus et d'un nombre d'actes insuffisants, alors que la contrainte essentielle était budgétaire. Mais, plus largement, c'est bien l'ensemble de la politique de soins, qui doit être regardée et évaluée avec la plus grande exigeance démocratique. Et, ceci, au plus près des citoyens. On pense, ici, à la solitude du patient, et pas seulement en milieu rural, lorsque face à la maladie ou l'angoisse de la maladie il actionne le 15 et tombe sur le Samu. Dans une société vieillissante la personne âgée, souvent seule, et que la perspective d'une hospitalisation rebute, se sent en situation d'infériorité. S'est on vraiment interrogé à ce sujet? Travaille-t-on, en liaison avec les médecins, à trouver des réponses plus humaines, c'est à dire plus proches?

Le chantier est important et, pour le coup, urgent. Dans une société qui entre en crise et dont les plus démunis font souvent le choix de ne plus se soigner il est, d'un point de vue moral, tout à fait prioritaire.

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