icone plume

L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
16/10/2011

Quand les Landes, élus et consommateurs, mènent la « bataille de l’eau ».

Les Landes défendaient leur liberté de pouvoir moduler les subventions, selon le choix que les communes faisaient de recourir, ou non, à une régie publique ou de déléguer au privé son service de l'eau. En reconnaissant aux départements, « au nom de la libre administration », cette prérogative le Conseil Constitutionnel mettait fin à une longue bataille juridique, invalidant la saisine du Conseil d'Etat. L'enjeu était de taille, car le Conseil général des Landes allait, ainsi, pouvoir poursuivre, par le biais de ses aides aux travaux d'adduction et d'assainissement, sa campagne en faveur de la gestion publique de l'eau. Il faut dire que les études, depuis les années quatre vingt dix, avaient mis en évidence des différences considérables du coût de l'eau, pouvant aller jusqu'à  plus 70% pour les services délégués aux compagnies fermières. Depuis que le Sydec, Syndicat mixte départemental, est entré dans le jeu, la concurrence avec le privé a d'ailleurs eu des effets indirects bénéfiques puisque des baisses de tarifs, pouvant atteindre 30%, ont été consenties par le privé, à l'occasion du renouvellement  des contrats. Et, aujourd'hui, 60% du service de l'eau dans les Landes est en régie publique

Il n'est donc pas étonnant que le prix du m3 d'eau potable y soit, selon l'Agence de Bassin Adour Garonne, le plus bas des départements d'Aquitaine. Les associations de consommateurs, à l'origine de ce forum de Pontonx-sur-l'Adour, ont donc de vraies raisons de satisfaction (1). Mais elles n'entendent pas en rester là, considérant que la possibilité qui leur est offerte de participer au Commissions Consultatives de Services Publics Locaux (CCSPL), prévues par la loi, est trop souvent ignorée par les communes. Dans les Landes comme ailleurs. La présence à ce forum de deux des pourfendeurs des groupes privés, Marc Laimé et Jean-Luc Touly, qui n'ont par leur pareil pour creuser la question de l'eau, celle aussi de Marc Royer, maire de Jarnac et animateur, au sein du Laboratoire des Idées du PS, du groupe sur « l'Eau Bien Public, Bien commun » ajoutait au tour nettement politique de la réunion.  Leurs témoignages mettaient en relief  l'importance grandissante d'une gestion de l'eau qui soit démocratique, c'est à dire ouverte à  l'information précise de l'usager. L'opacité n'a que trop duré dans la gestion de l'eau en France. Elle a été une source de corruption, au détriment du citoyen, de profits déraisonnables aussi, souvent par défaut de vraie concurrence. La restitution à la Communauté Urbaine de Bordeaux, en 2006, de 200 millions d'euros par la Lyonnaise des eaux, est dans tous les esprits. Communauté Urbaine qui envisage de revenir à une régie publique de l'eau  à l'horizon 2018 et pourra s'appuyer sur l'expérience de Paris. La ville capitale qui a repris en main le service de l'eau a décidé, en ce début d'année, une baisse de 8% de son tarif.

L'eau et la valeur symbolique qui s'y attache seront de plus en plus un enjeu électoral. A l'occasion de la présidentielle certes, mais surtout des municipales de 2014. Les sondages, d'ailleurs, le laissent entendre et encore n'a-t-on évoqué, ici, que le débat sur l'eau domestique, alors qu'il y a tant à dire sur la ressource, sur la qualité de l'eau, sur son usage pour l'industrie et sa place, si importante, en agriculture.

Joël Aubert

 

1. INDECOSA CGT, Association Force ouvrière Consommation, Confédération Syndicale des familles.

Laissez vos commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

A lire ! Éditos précédents