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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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08/06/2014

Quand les Charentes et la Vienne veulent rejoindre l’Aquitaine

En effet, s'il est une macro-région, dessinée sur un coin de table de l'Elysée, qui suscite les réactions les plus indignées à moins qu'elle ne déclenche un fou rire, c'est bien cet extravagant conglomérat fait de la région Centre, du Limousin et de Poitou-Charentes. Les Charentes ne veulent pas en entendre parler et, désormais, la Vienne non plus. François Hollande a donné quitus à Ségolène Royal qui ne veut pas de l'Aquitaine et déchaîné les réactions hostiles, jusqu'en Limousin où les fidèles d'entre les fidèles comme le maire de Tulle veulent opter pour la région que préside Alain Rousset ou même Midi-Pyrénées.

Comprenons donc que cette France, taillée à toute allure, sans concertation et pour changer de terrain politique en ces temps catastrophiques pour la gauche, est appelée à être redessinée. Un sacré chantier pour le Parlement quand le dossier arrivera au Parlement à l'automne mais un chantier très risqué, aussi pour le président certes, son premier ministre aussi qui avait pris l'initiative, bien content de saisir une opportunité d'éloigner l'attention du pays des vrais problèmes qui le touchent.

Sur le fond, ce chantier destiné rappelons-le à générer des économies doit, maintenant, se nourrir du débat nécessaire entre les élus enracinés dans leur territoire et les forces vives sociales, économiques, culturelles afin de proposer des alternatives efficaces. Des choix différents ou complémentaires susceptibles de répondre, d'abord, à une préoccupation essentielle : comment renforcer le maillage territorial du pays, se donner des chances d'être plus forts en additionnant les compétences et mutualisant les moyens ? Impossible, en effet, de ne pas soulever la question des moyens que l'Etat consentira à accorder aux régions nouvelles. Ce sera le sens, par exemple, de l'échange qui aura lieu ce 12 juin à Sciences Po Bordeaux entre élus du Conseil régional d'Aquitaine et membres du CESER, le Conseil économique social et environnemental régional.

Le moment va également arriver où les collectivités territoriales elles-mêmes vont prendre l'initiative de rencontres, entre voisins, pour dégager des points d'accords et des convergences susceptibles d'apporter les bonnes réponses à ce chantier, lancé à la va vite. On attend, notamment, qu'oubliant les clivages politiques, l'Aquitaine se rapproche des départements qui veulent la rejoindre pour délimiter les contours d'une région élargie. A cet égard, la position des Charentes, étayée par l'analyse des vraies proximités déjà existantes, la force des infrastructures, le courant actuel de l'économie, doit être prise en compte et encouragée. Alain Rousset rappelle, non sans raison, que la taille des régions est moins importante que les moyens dont elles doivent disposer pour jouer le rôle d'entraînement de l'économie qu'on leur demande de jouer. N'empêche la volonté des voisins immédiats de faire cause commune est une véritable opportunité, à ne pas laisser échapper.

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