L'ÉDITO
par Joël AUBERTPrimaires: le difficile – dernier? – combat d’Alain Juppé
Scénario qui paraissait tout à fait improbable voilà trois semaines encore mais qui a pris de la consistance, ces quinze derniers jours, en particulier en observant la mobilisation qui accompagnait les meetings de l'ancien permier misitre et la façon dont il s'est présenté lors des débats télévisés, le dernier notamment où son discours « radical », très libéral en économie et ses positions très carrées sur la sécurité ont marqué les esprits. Ajoutons qu'il avait, par ailleurs, sur des questions de société, donné des gages à des courants très conservateurs qui veulent revenir sur certains acquis de la gauche.
L'échec relatif d'Alain Juppé qui a fait longtemps la course en tête tient, en partie, paradoxalment, à la posture qu'il a adoptée. Au fond, et cela était compréhensible dès lors que les sondages et sa côte de popularité étaient au plus haut, il semblait déjà en route pour l'Elysée. Sa volonté de rassemblement, sans cesse répetée, ne pouvait que séduire l'électorat centriste et convaincre les électeurs de gauche décidés à aller voter à cette primaire de droite pour éliminer Nicolas Sarkozy. En revanche, elle ne correspondait sans doute pas aux attentes de l'électorat le plus conservateur de droite qui n'avait, par exemple, que faire des promesses de soutien de François Bayrou à Alain Juppé .
Cette primaire est-elle pour autant jouée ? Le maire de Bordeaux qui va faire campagne avec le soutien actif de Nathalie Kosciusko-Morizet l'aborde avec d'autant plus de détermination que « le combat » qu'il annonce est celui de la dernière chance. Il va naturellement chercher à démontrer certains côtés peu crédibles du programme de François Fillon, ne serait-ce que cette suppression de 500.000 fonctionnaires qui faisait déjà débat - le nombre du moins- entre les deux hommes. Il va sans doute chercher à montrer, avec l'aide de NKM, que des deux le plus moderne n'est pas celui que l'on croit. Le handicap, à priori, paraît difficilement surmontable moins à cause du soutien que Nicolas Sarkozy a apporté, dès ce dimanche, à son ancien « collaborateur » que du fait de la dynamique qui a porté François Fillon au plus haut niveau. Et puis il peut toujours espérer qu'une partie des électeurs de celui-ci, considérant que l'élection est jouée, ne revoteront pas dans une semaine, alors même que la mobilisation de ceux qui continuent de croire qu'Alain Juppé ferait un bien meilleur président irait en s'amplifiant.