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L'ÉDITO

 par Cyrille Pitois Cyrille Pitois
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03/06/2022

Paralysée en rase campagne

Entre le tennis à Roland Garros et le jubilé de la Reine en Angleterre, le débat politique hexagonal sommeille depuis plusieurs jours. La nomination d’un nouveau gouvernement ne permet pas de relancer la machine démocratique et de nourrir le débat de la campagne électorale des législatives. La Première Ministre Elisabeth Borne, semble accaparée par les ors de Matignon ou par sa propre campagne dans le département du Calvados. Son gouvernement à peine nommé, elle se retrouve paralysée dès la première semaine par les révélations sur les comportements plus que douteux du ministre des solidarités, Damien Abad. Jusqu’à oublier de le démettre. Puis la deuxième semaine c’est son ministre de l’intérieur Gérald Darmanin qui s’embourbe dans le fiasco de la gestion d’une bande de supporters de foot à l’entrée d’un stade.

La première affaire est un délit d’initiée: on peine à imaginer, qui plus est de la part d’une femme, qu’elle n’avait pas la moindre idée de la sinistre réputation de ce mâle trop fortement testostéroné. La deuxième est un excès de confiance dans l’argumentation grossière du préfet de police Lallement, soutenu par un Gérald Darmanin brandissant des chiffres de fraude manifestement gonflés.

Et hop, voilà encore un rendez-vous raté pour le débat électoral. Deux « affaires » suffisent à étouffer les projets politiques de la période. On vote dimanche prochain pour ceux qui écriront les lois pendant cinq ans, mais on ne parle de presque rien. On est loin des enjeux sociétaux irréversibles sur la peine de mort ou le mariage pour tous. En dehors de quelques échanges caricaturaux ou de petites phrases au long des campagnes dans les circonscriptions, aucun sujet de fond.

L’urgente question climatique est encore étouffée tant les ténors écologistes qui devraient porter ce débat, sont muselés par l’accord au sein de la Nupes. A peine reste-t-il quelques totems comme l’âge de la retraite ou la (dé)construction européenne pour s’y retrouver entre les grandes orientations des uns ou des autres. Jean-Luc Mélenchon, dans une surprenante dérobade fait un pas de côté en abandonnant sa candidature à Marseille. Au moins, lundi matin, ne pourra-t-il plus s’auto qualifier de son mantra favori: « La République, c’est moi ! »

Après une campagne creuse, on devra se contenter dimanche soir, sauf divine surprise, de résultats fortement dominés par l’abstention révélant une démocratie en panne d’intérêt aux yeux de ses concitoyens.

A voir les sujets britanniques se précipiter sous les fenêtres de Buckingham jeudi, en espérant apercevoir leur reine, on se prend à admirer ce patrimoine commun qu’est la reine d’Angleterre pour tout un peuple. A force de ne se prononcer sur rien et de ne se préoccuper que de la couleur de son chapeau, la reine parvient à fédérer tout un peuple depuis 70 ans. En France, aucun discours, aucun charisme ne parvient à esquisser une vision ou susciter une adhésion au-delà de la semaine prochaine. Ne regrettons pas 1789. Mais n’attendons pas la prochaine révolution pour construire un projet commun.        

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