L'ÉDITO
par Joël AUBERTObama : il a métissé l’Amérique
Et voici qu’un homme jeune, brillant et charismatique à souhait réveille la démocratie américaine et la pare de toutes les couleurs. Restons-en là pour l’instant avant de supputer les chances réelles de changement, tant l’héritage des années Bush est immensément lourd à porter pour le nouveau futur président. Deux guerres sur les bras dont l’une en Afghanistan est en passe d’être perdue, une crise économique géante avec un modèle à réinventer, une crise sociale profonde amplifiée par les conséquences de l’affaire des subprimes, un déficit public abyssal qui pollue l’économie mondiale : ça fait vraiment beaucoup de défis à affronter, même pour un homme neuf qui dispose à priori de deux chambres politiquement favorables.
Il a, au moins, pour lui, d’avoir la faculté, par l’ampleur même de sa victoire, de s’appuyer sur un puissant mouvement populaire. Cette joie profonde de millions de citoyens jeunes qui sont allés voter après avoir tissé, via internet, un réseau d’une redoutable efficacité.
Obama a eu l’intelligence, évitant le piège racial dans lequel on voulait l’entraîner, de réunir l’Amérique, de la métisser, lui l’enfant d’un père kenyan et d’une mère blanche américaine. C’était un sacré challenge et, dans cet exercice, il a excellé et redonné à beaucoup de ses concitoyens l’espoir que le « rêve américain » restait toujours possible. Et cela aussi c’est une bonne nouvelle pour le monde, pour la démocratie en général, pour les valeurs qui s’y attachent parce que les Etats-Unis ont décidément mieux à faire que de s’épuiser d’une guerre à une autre et de refuser de prendre leur part des fardeaux qui pèsent sur l’environnement de notre planète.
« Change ? » : we have a dream...
Joël Aubert