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L'ÉDITO

 par Cyrille Pitois Cyrille Pitois
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27/10/2023

Ne pas confondre les bons et les mauvais écolos

Cette semaine la réserve collective d’eau de Tusson en Charente a été vandalisée. Les bassines de ce type ont été les héroïnes, bien malgré elles de la spectaculaire manifestation de Sainte-Soline, en Deux-Sèvres, le 25 mars 2023 avec de violents affrontements à la clé. A Tusson, pas de guérilla entre les talus, mais de longs coups de couteau de haut en bas d’une bâche, répétés sur une quarantaine de mètres, réduisant à néant la réserve d’eau de près de 300 000 mètres cubes en cours de reconstitution en cet automne.

La préfète, les Chambres d’agriculture, l’Agence de l’eau ou le Conseil régional n’ont pas tardé à condamner ce geste qui, outre le recours au vandalisme, mode d’expression pour le moins assassin du débat démocratique, porte atteinte au fonctionnement d’un dispositif autorisé et en fonctionnement depuis 2011. Cette réserve de substitution dessert six agriculteurs tous défenseurs d’une agriculture durable, dont une labellisée bio et d’autres adeptes du circuit court ou de la conservation des sols. A l’évidence, les professionnels désormais pénalisés ne sont donc pas des tenants d’un productivisme outrancier qui utiliserait l’eau sans réflexion et sans modération.

Un auto-proclamé plus écolo qu’eux, a décidé de leur faire un procès simpliste en leur imposant la danse de la pluie comme seule technique de régulation de la ressource en eau. Ce terrorisme environnemental fait fi de tous les patients travaux des scientifiques, des instructions pointilleuses des administrations qui délivrent les autorisations et des recherches de solutions éclairées pour réduire les effets du réchauffement climatique.

Dans un autre registre, à Mouguerre, près de Bayonne, c’est une plateforme de ferroutage qui pose question. Ici aucune trace de vandalisme, heureusement. Mais deux associations de défense de l’environnement se déclarent prêtes à déposer tous les recours possibles contre ce projet qui va imperméabiliser quelques hectares supplémentaires et risque de mettre en danger la survie de plusieurs espèces protégées comme la loutre ou le vison d’Europe.

Comme les bassines, le ferroutage peut se lire comme une alternative aux précédentes solutions grosses consommatrices de ressources naturelles. En transportant des camions sur des trains de Cherbourg jusqu'à Bayonne, donc en les retirant de la route, on s’assure de considérables réductions des émissions de CO2. Mais cet enjeu semble insuffisant au regard des dégâts commis sur un espace naturel.

Respect des équilibres, compensations, réalisme économique, les dossiers de ce genre méritent d’être abordés sans passion ni radicalité. Pour le train Cherbourg-Bayonne, ce sont plus de 60 millions d’euros de travaux qui sont nécessaires, pour transporter au mieux une cinquantaine de poids lourds chaque nuit… alors qu’il en passe presque 10 000 par jour sur l’autoroute voisine.

A l’instar des Inconnus qui tentaient -laborieusement !- de faire la différence entre les bons et les mauvais chasseurs de galinette cendrée, il ne faut pas se laisser gagner par l’idée qu’il y aurait de bons et de mauvais défenseurs de l’environnement. Sur le fond de la démarche, il n’y a pas mille nuances. Sur les méthodes pour atteindre l’objectif, c’est beaucoup plus difficile de faire consensus et de hiérarchiser les urgences.

Pour autant faut-il ne rien faire ? S’abstenir de tester des solutions ? Ne pas mobiliser les technologies, les expériences et les savoirs acquis au bénéfice de la préservation de l'environnement de nos enfants ? Evidemment non. La tâche est d’ampleur et l’urgence de se mettre en chemin en confrontant les points de vue plus qu’en opposant les postures. Sans radicalité ni outrance. Et surtout sans coups de couteau.

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