L'ÉDITO
par Joël AUBERTMarine Le Pen : Et si le pire était possible…
Et chacun à droite, au sein de l'UMP, de commencer à considérer les chiffres autrement, de mettre en question la ligne adoptée par le tandem Copé-Sarkozy. Fallait-il vraiment donner rendez vous au pays, début avril, pour un débat sur la laïcité et l'islam au risque d'en rajouter une couche, de légitimer encore davantage les thèmes chers au Front National ? Et tout cela sous l'œil narquois de ces contempteurs de "la pensée unique", condamnés pour provocation à la discrimination raciale, mais que la télévision du spectacle convoque au nom de la liberté d'expression...
Ce pays, le nôtre, marche sur la tête et se prépare une crise majeure dont il risque de sortir avec la gueule de bois.
L'exécutif est, aujourd'hui, terriblement affaibli. L'hôte de l'Elysée est discrédité : le cafouillage du remaniement ministériel de l'automne dernier qui faisait suite à une longue valse hésitation, et à ce discours coup de poing de Grenoble, aurait dû sonner l'alerte dans les allées du pouvoir. La reconduction de François Fillon à Matignon et le départ de Jean-Louis Borloo pouvaient rassurer l'UMP ; voici le premier ministre, à son tour démonétisé, après l'épisode de ses vacances égyptiennes. Quant au retour d'Alain Juppé dont on aimerait bien savoir s'il supporte les idées de Jean-François Copé, il apporte une preuve supplémentaire du désarroi sarkozyste. Et s'il fallait en rajouter sur l'incapacité du pouvoir à tenir son cap on le trouverait, ces jours-ci, dans l'invalidation par le Conseil Constitutionnel de la partie la plus sécuritaire de cette loi Loppsi 2 qui devait, notamment, changer le régime du droit pénal des mineurs.
Ce tableau est nécessairement propice à l'expression des extrêmes : qu'ils se nomment Front National ou Front de Gauche. Et il ne peut qu'éloigner davantage des urnes ces citoyens écoeurés qui cherchent, de moins en moins du côté des politiques, la réponse aux difficultés de la vie quotidienne qu'ils rencontrent : emploi, logement, pouvoir d'achat...
Sonné par l'annonce des brillants résultats de grands groupes « Made in France », par les vrais faux débats sur la réforme fiscale, stupéfait par l'aptitude au mensonge des élites qu'ils avaient cru républicaines, le peuple de France à qui un homme, Charles de Gaulle, a remis le soin de choisir lui-même son chef, est capable de tout. Et même du pire.
Et il faut craindre que le jeu du chat et de la souris dans lequel le PS s'est embarqué, en s'engageant sur la voie de primaires incertaines, ne serve guère à l'en dissuader. Quelques voix éclairées, à gauche et même au centre, commencent à se réveiller, conscientes que DSK ou pas le défi sera rude à relever.
Joël Aubert