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L'ÉDITO

 par Cyrille Pitois Cyrille Pitois
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22/12/2022

L’information, quelle information ?

Des quotidiens régionaux historiques comme la Voix du Nord et Midi Libre
annoncent d’importantes réductions de leurs effectifs en cette fin d’année. Des
médias installés depuis des décennies dans le paysage de l’information régionale
de proximité se retrouvent en fâcheuse posture. Des quotidiens, des périodiques,
des sites internet d’informations générales, avec une audience nationale ou
régionale sont dans des situations économiques périlleuses et contraints de
réduire la voilure de leurs rédactions, de leurs éditions ou de leurs ambitions
rédactionnelles. Des journalistes professionnels exercent dans des conditions de
travail particulièrement difficiles dans les chaines d’information en continu, les
hebdomadaires départementaux ou des titres mal protégés de la pression des
annonceurs publicitaires.
A tel point que la profession de journaliste, qui continue de susciter beaucoup de
vocations chez les jeunes, n’a jamais connu autant d’abandons en cours de
carrière, comme le démontre le sociologue des médias, Jean-Louis Charon (Hier
journalistes, ils ont quitté la profession, éditions Entremises, 2021). Son enquête
révèle que la durée moyenne des carrières des journalistes est de 15 ans et que
le nombre de détenteurs de la carte de presse a reculé de 10 % ces dix dernières
années.
C’est un violent paradoxe dans une période où chacun « consomme »
frénétiquement de l’information du matin au soir sur tous les écrans qui
l’entourent. C’est un paradoxe dans un pays qui se dit attaché à la liberté de la
presse quand celle-ci est violemment remise en cause. La mobilisation qui a suivi
l’attentat meurtrier dans les locaux de Charlie Hebdo en 2015 l’a prouvé : les
Français sont prêts à descendre dans la rue pour défendre cette liberté.
Oui, la liberté de la presse est un combat de tous les instants quand il s’agit de
faire vivre des médias dans un contexte où les modèles des supports
traditionnels papier, radio ou télévision peinent à séduire les jeunes publics.
L’équilibre économique sur les supports numériques est encore une science
aléatoire.
C’est un enjeu pour chaque entreprise de presse et ses salariés, mais c’est aussi
un enjeu de démocratie. Comme pour la consommation d’énergie, les petits
comportements quotidiens de chacun peuvent contribuer à inverser la tendance.
Il y a juste quelques règles à respecter pour apporter des pépites à ces
rédactions qui bataillent tous les jours. Comme par exemple ne pas pratiquer le
copié-collé d’un article pour le diffuser à la terre entière via ses propres comptes
sur les réseaux sociaux. Pour partager ces publications qu’on aime ou qu’on
déteste, il convient de privilégier le partage de liens.
Et puis surtout, pour s’informer sérieusement, il convient de sélectionner ses
sources auprès de médias reconnus qui diffusent des articles signés, relayant des
informations sourcées et vérifiées, des citations d’experts et des enquêtes
contradictoires. A ne pas confondre avec les sites institutionnels financés par nos
impôts ou les communications tapageuses des grands lobbies économiques qui
investissent les réseaux sociaux.
Chacun est libre bien sûr. C’est le dogme du monde digital. Mais un média
fiable, c’est comme l’épicier du village. A force de ne pas y avoir recours, un jour
il disparaît. Et il n’y a personne pour le remplacer.
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