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L'ÉDITO

 par Cyrille Pitois Cyrille Pitois
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17/11/2023

L’habit vert d’un monde plus acceptable

Responsabilité sociale et environnementale, économie à impact, entreprise à mission, économie sociale et solidaire, économie circulaire, la variété des dénominations ne traduit pas le même niveau d’engagement de tous les entrepreneurs, les acteurs associatifs ou les institutions. Mais elle démontre une tendance lourde : un nombre croissant de filières se mobilisent pour essayer de jouer la petite musique de l’économie avec une partition nouvelle sur laquelle les hauts de bilan, les dividendes aux actionnaires ou les plans sociaux ne sont plus les seules gammes.

La filière de l’économie sociale et solidaire, dont l'agrément délivré par l’État correspond à une démarche et des critères précis, couvre un large spectre qui ne se limite pas comme on le croit trop souvent, aux domaines de l'entraide et la solidarité. A bas bruit, elle a taillé son créneau jusqu’à peser aujourd’hui 10 % du produit intérieur brut de la France. L’économie à impact pour sa part, se fraie un chemin médian entre les écolos radicaux et le capitalisme effréné.

Il y aurait donc un véritable élan autour du développement durable en lien avec les questions environnementales, mais aussi sociales et humaines. Bonne nouvelle pour la planète. Bonne nouvelle pour l’équité. Bonne nouvelle pour nos enfants. La ministre des PME, Olivia Grégoire, en déplacement cette semaine à Biarritz, insiste pour que cette économie plus durable sorte des chapelles et rencontre davantage l’économie conventionnelle. Chacune ayant plein de choses à apprendre de l’autre.

Il est vrai que toutes les filières ne sont pas capables du même élan de conversion. On imagine mal l’industrie de l’armement particulièrement dynamique en France et dont la capacité à innover ne se dément pas, se draper tout à coup des atours d’une économie plus durable, plus respectueuse de l’humain.

A tel point que le gouvernement a du voler à son secours : un amendement au projet de loi de finances adopté via le 49.3, autorise à puiser dans les ressources du livret A et du livret d’épargne populaire pour financer l’industrie de la défense. Voilà l'épargne préférée des Français, précédemment réservée au financement du logement social qui doit se partager avec une industrie aux finalités beaucoup plus sombres. Alors que la crise du logement est en pleine explosion...

Et ceci pour une raison simple : les banques, fonds divers et autres investisseurs doivent tous présenter à leurs partenaires une façade « responsable » sur laquelle certaines activités font tâche. Donc exit la fabrication d’armes. D’autres suivront demain comme les activités autour des énergies fossiles ou des mobilités polluantes. Des filières qui comptent aussi des milliers d’emplois, qui dégagent des bénéfices à réinvestir ou qui paient des impôts pour que la solidarité nationale puisse jouer.

Gardons-nous des dogmes et des oukases, ce qui importe c'est la démarche collective de progrès. Tous les employeurs le constatent : les jeunes générations qui arrivent sur le marché de l’emploi n’ont plus le même rapport au travail. Elles cherchent du sens et de la cohérence aux tâches qui leurs sont confiées. Respect. Et c’est aussi pour cajoler leurs viviers de recrutement que les entreprises veulent rendre leurs missions et leurs pratiques toujours plus green compatibles. Tant mieux. Mais prudence : l’habit vert ne fait pas l'académicien d’un monde plus humain et plus juste.

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