L'ÉDITO
par Joël AUBERTLGV : NKM fait beaucoup d’effet de Bordeaux à Toulouse et Hendaye
En première ligne de cette contre attaque, Alain Rousset le président du Conseil régional qui a obtenu le renfort de l'UMP et du Modem pour adresser un courrier à la ministre tandis que Matignon l'assurait que le projet n'était pas remis en question. Mais on n'est pas en reste, non plus, à Pau, où George Labazée le président du Conseil général menace de ne plus participer au financement de Tours-Bordeaux qui devrait être ouverte en 2017 et où la maire Martine Lignières-Cassou évoque le prochain débat public sur la desserte Béarn-Bigorre avec interrogation.
Quant aux milieux économiques, ils ne sont pas moins remontés puisque la Chambre régionale de Commerce et d'industrie parle de « décision irresponsable » et annonce la mobilisation du monde économique en liaison avec les homologues espagnols le 9 février prochain à Bayonne. L'ébullition ne va pas cesser, au contraire, d'autant que la période électorale sera propice à l'interpellation des candidats.
Est-ce à dire que, pour autant, ceux-ci pourront tenir un discours de vérité que la situation économique du pays, le niveau de son endettement ne peuvent permettre d'éluder ? Il faut considérer en effet qu'entre 2005/2006, lorsque le projet LGV a été proposé et soumis au débat public et le début d'année qui s'annonce la donne a beaucoup évolué. Le bouclage financier de Tours-Bordeaux a été délicat à monter, long à obtenir et n'a été possible que parce que les collectivités, et pas seulement en Aquitaine, ont consenti de gros efforts, si l'on considère leurs budgets propres. Devrait-il être mis en route maintenant qu'il serait encore bien plus difficile à ficeler ... Il semble donc inévitable, à tout le moins, que le calendrier du GPSO, le Grand Projet Sud Ouest, Bordeaux-Toulouse d'un côté, Bordeaux-Hendaye de l'autre avec la branche Béarn-Bigorre, soit remis sur la table. Et, à ce jeu-là, Toulouse qui s'est fait tirer l'oreille avant de s'engager en faveur de la réalisation de Tours-Bordeaux pourrait bien prendre une longueur d'avance.
En réalité, le dossier s'annonce financièrement et politiquement compliqué. On ne va pas lever comme par enchantement dix bons milliards d'euros à un moment où le niveau d'endettement de Réseau Ferré de France est préoccupant. Cependant, les deux voies qui, rappelons-le ne doivent en faire qu'une en Gironde, de Bordeaux à Captieux, ont été imaginées de façon « solidaires » pour des raisons où l'aménagement du territoire et le coût de l'infrastructure avaient leur place. Le conseil régional derrière Alain Rousset, et non loin du président du conseil général des Landes Henri Emmanuelli et du maire de Bayonne, Jean Grenet, n'acceptera pas que priorité soit donnée à Toulouse et Midi-Pyrénées. Ce débat-là, que d'aucuns croyaient dépassé va renaître avec d'autant plus de vigueur que les partisans du réaménagement de la ligne actuelle vers Toulouse vont chercher à tirer avantage des annonces de Nathalie Kosiuscko-Morizet. Et que les opposants du Pays Basque ne vont pas manquer, non plus, de souligner que la rentabilité d'une ligne vers l'Espagne, justifiée par le développement du fret, est à ce jour loin d'être démontrée.`
Joël Aubert