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L'ÉDITO

 par Solène MÉRIC Solène MÉRIC
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15/09/2023

Les sénato… quoi?

Objet électoral non identifié. Voilà comment sans trop se tromper, on pourrait qualifier les élections sénatoriales en approche pour bon nombre de français qui n’en savent pas bien plus sur le Sénat lui-même. 

Avec un vote au suffrage indirect qui appelle aux urnes un collège de grands électeurs composé d’élus locaux, les sénatoriales, c’est certain, ne sont pas faites pour passionner les masses. Cumuler scrutin de liste à la proportionnelle ou scrutin plurinominal majoritaire, selon que les départements comptent plus de 2 sénateurs pour les représenter ou pas, n'aide en rien. Enfin, ultime étrangeté, le vote ici n’est pas un droit, mais un devoir, sous peine d’une amende de 100 euros. Ces élections sont à elles seules l'occasion de ressortir ses livres d’éducation civique ! Sans oublier que l’élection ne vient à chaque scrutin renouveler que la moitié des sièges.

Obscur et lointain, est-ce à dire que le sort du Sénat au soir du 24 septembre prochain est sans intérêt ? Si l’on se cantonne à savoir qui y détiendra la majorité, pas de grosse surprise attendue. Peu de chance en effet, que le groupe LR, associé à celui de l’Union centriste, perdent la face. Les résultats de cette élection sont le reflet de la structuration politique des territoires, toujours fortement marquée par ces forces politiques.

Mais, pour l’ensemble des partis, les surprises, comme pour toutes élections, restent possibles. Quelques têtes d’extrême droite pourraient peut-être faire leur apparition ; le PS pourra-t-il notamment conserver sa place de 2ème groupe ? Le déjà petit groupe de la majorité présidentielle pourra-t-il sauver les meubles ? Combien LFI parviendra-t-elle à convaincre de grands électeurs ? 

Autre sujet d'incertitude, c’est une nouveauté des élections sénatoriales 2023, comment votera cette foule d’élus locaux « issus de la société civile » née notamment lors des dernières municipales ? Sans affiliation partisane solide, difficile de le prédire dans une période, où la majorité présidentielle cumule les sujets de défiance avec le niveau local. 

Mais ces élections ne sont pas sans enjeu non plus d’un point de vue institutionnel. Pensé par les pères de la Vème République comme une assemblée d’apaisement, c’est dans un rôle d’opposition assez offensif que le Sénat a ouvert la partition du premier mandat d’Emmanuel Macron. Alors contre-poids d’une Assemblée nationale toute conquise à sa cause. Un contre-pouvoir, même, qu’il exerce aussi comme jamais à travers la multiplication des commissions d’enquêtes lui permettant de contrôler les politiques publiques. L’affaire Benalla ou plus récemment le Fonds Marianne, c'est d'abord le Sénat. L'instance législative, s’affirme dans les jeux de pouvoirs institutionnels. 

Avec désormais une Assemblée nationale devenue source de blocages et arène médiatique, c’est sur le plus discret Sénat, que compte désormais tout de même le Président dans sa fameuse recherche de « majorité « de projet » ». La tradition de la première lecture des projets de loi à l’Assemblée nationale n’est plus aussi automatique. Le Sénat a désormais souvent la préférence du Gouvernement. Si elle fut un échec pour la réforme des retraites, c’est cette même stratégie législative, qui se dessine pour le sensible projet de loi immigration. « La première lecture pourrait être début novembre, au Sénat », a indiqué Olivier Véran. Le Sénat désormais prend la pole position.

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