L'ÉDITO
par Joël AUBERTLes Régionales c’est dès maintenant et il n’y a pas de temps à perdre
Tel sera le cas, notamment, de la Grande Région, encore sans nom, qui regroupera Aquitaine, Poitou-Charentes et Limousin, douze départements, la superficie d'un Etat, façon Autriche, des distances considérables, une démographie très hétérogène, une économie qui ne l'est pas moins...Mais des points forts, d'un département à l'autre, d'une ville à l'autre, d'un secteur à un autre. Songeons à l'industrie aéronautique et spatiale qui n'existe pas que dans l'Aquitaine actuelle mais sachons aussi repérer et mettre en valeur l'entreprise du Limousin, Legrand, qui est un leader dans la silver économie, prenons la mesure du potentiel actuel de l'agriculture, viticulture en tête, d'un ensemble qui, par sa diversité et sa valeur, sera la premier d'Europe...
Le vrai défi, alors que nous ne sommes pas encore entrés de plain pied dans la campagne électorale, va être de trouver les mots pour rendre attractif le débat qui s'annonce. S'il ne devait être que purement politicien et prendre la tournure d'une critique en règle de la réforme territoriale, ce qui est un risque réel, il nourrirait le risque déjà élevé de l'abstention. Comment intéresser l'électeur de Guéret, celui de Tulle, de Niort, de La Rochelle, d'Agen, de Pau et Bayonne à une élection qui pourtant conditionnera de plus en plus l'avenir ? Il faudra, à la fois savoir lui parler de lui, de chez lui, et l'intéresser à la situation de tous les autres avec, ce qui semble primordial, des orientations et des engagements qui fassent apparaître la nécessité de solidarités nouvelles au sein du territoire. Dessiner les grandes lignes de l'aménagement de cette Grande Région, mettre en évidence l'importance de travailler à somme positive, éviter le piège de la recentralisation autour d'une métropole capitale dont le projet de développement peut à la fois séduire et faire peur. Attention au danger d'un jacobinisme girondin.
Le chantier a des côtés vertigineux. Et il faut l'aborder à la fois avec humilité et passion. L'actuel président du Conseil régional d'Aquitaine, Alain Rousset affiche pareil état d'esprit; accompagné des ses homologues de Poitiers et Limoges il consulte, rencontre, cherche le meilleur dénominateur commun, crée des groupes de travail. La position avantageuse de l'Aquitaine dans certaines activités, ce dont témoigne sa capacité supérieure à déposer des brevets, peut le satisfaire ; il doit surtout penser à faire partager les réussites plutôt que de pointer les faiblesses des autres. Et puis il va bien falloir inventer une manière d'identité recomposée où l'histoire, les cultures, les saveurs, donnent envie de voyager, de découvrir, de partager.
S'agissant d'une Grande région où le poids démographique actuel de l'Aquitaine l'emporte nettement les perspectives électorales semblent, à priori, plus favorables à la gauche. Mais les départementales ont souvent changé la donne en Limousin et Poitou-Charentes au profit de la droite. Le challenge est donc sérieux pour l'actuel président de l'Association des régions de France. Et s'il se confirme qu'Alain Juppé a imposé, ce samedi, une union autour de la candidature de Virginie Calmels, son adjointe à la mairie de Bordeaux, il le sera d'autant plus. Souhaitons alors que le débat soit relevé et échappe à la vulgate sarkozyenne que l'on sent déjà poindre par ailleurs.