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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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09/02/2013

Les leçons des élections aux chambres d’agricultures

D'une manière générale, la participation électorale, plus faible qu’en 2007, traduit par ailleurs les difficultés et les doutes d’une profession qui doit faire face aux mutations de l’agriculture, remettre à plat ses relations avec la société et compter de moins en moins sur la Politique Agricole Commune pour assurer ses revenus.

C’est là un vrai défi pour le syndicalisme et en premier lieu pour la Fédération des Syndicats d’Exploitants agricoles, la FNSEA, qui a veillé jalousement au maintien de son pré carré dans une relation habilement cultivée avec les gouvernements de droite. Sans verser dans la caricature, songeons à l’image d’un Chirac auprès des agriculteurs. Cette relation a évolué, en particulier après l’alternance de 1981, suscitant d’ailleurs des tensions et le soutien de la gauche aux tentatives de la Confédération paysanne ; elle n’a cependant jamais remis en question la solidarité obligée des pouvoirs publics avec le syndicalisme majoritaire. Ce fut et cela reste une de ces clés qui détermine la position de la France dans le débat budgétaire européen. En douterait-on qu’il suffirait d’entendre les propos de François Hollande, ces jours-ci, à Bruxelles et de rappeler que l'actuel ministre de l'agriculture, Stéphane Le Foll, a été choisi à ce poste avec la bénédiction de la profession...

Pour autant cette relation privilégiée du syndicalisme avec les gouvernements successifs ne saurait exonérer l'agriculture française de mettre en œuvre une nouvelle étape de sa modernisation, de son adaptation à la nouvelle donne européenne et mondiale. Le temps n'est plus où la Politique agricole commune, la PAC, et ses prix garantis, assurait le revenu. A l'heure de la mondialisation il faut non seulement être présents sur les marchés mais aussi savoir gérer, au plus près, les conséquences de la spéculation qui concerne aussi les matières premières agricoles. A cet égard, le potentiel de l'agriculture française reste remarquable, à la fois en termes de production où à la différence de l'industrie nous n'avons pas renoncé à organiser des filières essentielles mais aussi d'exportation et d'innovation.

L'autre challenge qui n'est pas moins important touche à la relation que l'agriculture entretient avec la société. Les sondages, année après année, le confirment : les Français aiment leurs agriculteurs. Il n'est que voir la fréquentation du Salon de l'agriculture de la porte de Versailles ou du Salon régional de l'agriculture, à la foire de Bordeaux pour s'en convaincre. Cependant, ils attendent d'eux qu'ils fassent plus et mieux pour protéger l'environnement, comme l'exige d'ailleurs la Commission européenne. De nouvelles exigences se profilent qui vont nécessiter des adaptations et sans doute contribuer, aussi, à renforcer la place du « Bio » . La crise économique et le contexte social des prochaines années peuvent, paradoxalement, fournir des opportunités à l'agriculture de trouver, dans la proximité avec le consommateur, de nouveaux débouchés, un complément de revenu. C'est déjà le cas, et ce n'est pas un hasard, avec les marchés de producteurs, les réseaux comme Bienvenue à la Ferme, l'oenotourisme, qui accueillent chaque année davantage de nos concitoyens à la recherche d'authenticité, de produits de qualité, d'identité. Il y a beaucoup encore à faire en ce domaine pour conserver le plus de valeur ajoutée au niveau de la production, pour promouvoir aussi et défendre le « made in France » face à des importations à bas coût de productions à l'origine incertaine et qui ne répondent pas toujours aux normes sanitaires européennes.

 

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