icone plume

L'ÉDITO

 par Cyrille Pitois Cyrille Pitois
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
02/05/2022

Les grandes manoeuvres législatives encore déconnectées des

Et voilà. En une semaine et quelques coups de baguette magique, l’union de la gauche renaît de ses cendres. Sous l'autorité de Jean-Luc Mélenchon, en chef d’orchestre à la légitimité acquise dans les urnes au point de s’auto proclamer Premier Ministre, le parti socialiste, le parti communiste et Europe écologie sont rentrés dans le rang de la France Insoumise. Histoire de constituer une force homogène en vue des prochaines élections législatives. Stratégiquement c’est cohérent. Mais totalement déconnecté des réalités des territoires, ceux-là même qui ont envoyé le message qu’il fallait urgemment les prendre en compte.

Un député est élu par les habitants d’une circonscription, une tranche de France constituée d’une poignée de communes, pour aller représenter ses concitoyens lorsqu’il s’agit de voter ou modifier la loi. On croit comprendre que les partis qui ont perdu la présidentielle vont se ranger derrière des candidatures d’union arbitrées par la France Insoumise pour mener campagne dans nos villes et nos villages.

Mais les électeurs vont-ils s’y retrouver quand le candidat d’un camp réputé uni, incarnera des positions aussi différentes sur la protection de la planète, les retraites, les lois travail ou les relations internationales ? Comment percevoir une vision globale de la société issue de chapelles aussi différentes? Comment les élus des conseils municipaux, départementaux ou régionaux, et ils sont nombreux labellisés PS ou EELV, vont-ils travailler en cohérence avec un parlementaire de leur bord, mais avec lequel ils auront le cas échéant des points de divergence aussi clivants?

Au PS d’ailleurs, plusieurs voix dont l’ancien Président de la République, François Hollande, crient déjà à l’alliance contre nature. L'ex-Premier ministre, le raisonnable Bernard Cazeneuve a touvé cela suffisamment grave pour justifier son départ du PS. Une nouvelle fois on se demande si, pour sauver des résultats minimums à l’issue des prochains scrutins, donc préserver des financements d’appareils et justifier des positions institutionnelles voire des situations personnelles, les idées et le projet deviendraient soudain secondaires.

Face à ces grandes manœuvres arbitrées depuis les officines parisiennes, le risque n’est pas neutre pour une élection qui se joue aussi sur des personnalités locales. L’électeur qui ne retrouve pas ses repères dans le programme d’une candidature de proximité et doit décortiquer une syntaxe politicienne trop alambiquée, va hésiter… et finalement rester chez lui au lieu d’aller voter. Et les mêmes ténors viendront se lamenter sur les plateaux télé et constater une démocratie en panne, une abstention galopante et des Français par trop ingrats. Au lieu de s’interroger sur la confusion d’une proposition qui embrasse si large qu’elle ne dit plus rien.

A la décharge de la gauche, les Républicains aussi se prennent régulièrement les pieds dans le tapis en voulant rassembler et finalement brouiller le discours au point de trébucher dans les grandes largeurs si l’on en croit la contre-performance de Valérie Pécresse à la présidentielle.

A la fin de la foire, c’est peut-être encore Emmanuel Macron qui va tirer ses marrons de la marmite législative. Il a déjà réussi un double hold-up politique en 2017 en siphonnant les voix des partis traditionnels. Il a rejoué la partition à la présidentielle, malgré l’usure du pouvoir. En Marche n’est pas un parti dimensionné pour les élections municipales. Mais il a déjà fait la preuve de sa méthode aux dernières législatives au point de constituer une majorité à lui tout seul. Ce sera cette fois plus difficile, mais c’est sans doute le jeu subtil de la distribution des investitures et des ralliements qui fera la différence.

Encore de la cuisine au détriment des idées.

Laissez vos commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

A lire ! Éditos précédents