icone plume

L'ÉDITO

 par Cyrille Pitois Cyrille Pitois
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
08/12/2023

Le logement, cette politique qui reste à la porte

Dans les milieux autorisés, comme moquait Coluche, on s’autorisait à attendre beaucoup de la réunion, lundi dernier, du Haut conseil de stabilité financière, une instance qui réunit le Ministre de l’économie et le gouverneur de la Banque de France. Ces Messieurs devaient lâcher du lest pour relancer le marché du crédit immobilier. Bruno Le Maire avait même laissé courir des espoirs de mesures concrètes pour permettre aux Français de nourrir à nouveau des projets d’accession à la propriété. Depuis un an, 40 % des demandes de prêts bancaires ont essuyé un refus.

Raté. Le Haut conseil, a communiqué sur une poignée de mesurettes, qui modifient quelques critères à la marge et ne favorisent en rien les primo accédants. Le HCSF avait déjà provoqué la même déception en septembre. Il faudra maintenant attendre sa prochaine réunion de février.

Dans le même temps l’Assemblée nationale débat d’une proposition de loi du député basco béarnais, Inaki Echaniz qui vise à réduire la marche forcée de la conversion du parc locatif vers la location de courte durée, type Airbnb. Parce qu’en Bretagne, à La Rochelle ou sur le Bassin d’Arcachon comme à Biarritz ou dans les Landes, et même dans certaines communes de montagne, les salariés ne trouvent plus à se loger. Il faut dire que jusqu’ici, les passoires thermiques désormais interdites de location à l’année, pouvaient aisément être converties en locations courte durée à destination des vacanciers. Une aubaine pour les propriétaires peu préoccupés de l'avenir de la planète.

Et cette semaine on apprend que la commission des affaires économiques du Sénat lance une commission d’enquête sur le logement. Les parlementaires de la Chambre Haute ont déjà entendu tous les acteurs nationaux sur le sujet, les bailleurs sociaux, les promoteurs privés, les grands noms de la solidarité comme la Fondation Abbé Pierre, et ils ont compris que la mécanique d’une crise du logement est bien ancrée dans le pays. Qu’il est urgent d’enrayer cette machine du mal logement.

Enfin ! Vont s’écrier chacun dans sa mairie, tous ces élus qui constatent depuis des années que le sujet se tend toujours davantage. Depuis le logement étudiant, le logement social, et même l’accession privée, toutes les étapes du parcours auxquelles un Français peut aspirer, sont enkystées.

Une vaste loi logement du gouvernement est attendue pour le printemps 2024. Tellement vaste qu’elle risque de butter sur des modalités d’adoption et d’application qui vont encore rallonger les délais.

Pendant ce temps-là, c’est une filière économique dans le bâtiment qui est en train de s’enfoncer, les métiers du prêt, du courtage et de la négociation immobilière qui s’arrêtent de respirer. Et surtout des familles qui renoncent à des projets de déménagement, des femmes et des enfants maltraités qui ne peuvent s’éloigner du prédateur faute de trouver un toit, des travailleurs salariés qui doivent dormir dans leur voiture ou des jeunes qui interrompent leur formation. Sans oublier tous ceux qui essuient un accident de la vie.

Cette crise du logement s’enracine dans un moment où le chômage recule globalement. Demain des vendeurs, des infirmiers ou des banquiers obligés de dormir dans leur voiture ou de retourner s'héberger chez leurs parents ? Insupportable.

Laissez vos commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

A lire ! Éditos précédents