L'ÉDITO
par Joël AUBERTLe candidat Sarkozy, faute de faire rêver veut faire voter.
Voici donc l'arme maîtresse d'un homme qui les a déçus et qui, faute de pouvoir les faire rêver veut les faire voter. Le référendum ! Cet instrument de démocratie directe qu'en des circonstances exceptionnelles un général, nommé de Gaulle, devenu président de la République, appelé par son prédécesseur à prendre le pouvoir serait donc la bouée de sauvetage de Nicolas Sarkozy ? Et de la France ...
De Gaulle, au destin à nul autre pareil et que ses successeurs, dans le registre du référendum, eurent bien du mal à imiter. De Gaulle qui, désavoué par le peuple en 1969 lors du référendum qui, justement entendait mettre fin à bien des blocages et à la centralisation excessive du pays, démissionna. Qui croira vraiment, un seul instant, que Nicolas Sarkozy prendrait le risque de consulter le peuple, aussi souvent qu'il le laisse entendre pour « débloquer » la société française ? Et que ferait-il si, par hypothèse, sollicitant les français, qu'il s'agisse de l'indemnisation des chômeurs ou de l'euthanasie, ceux-ci le démentaient ?
La France n'est pas la Suisse et le référendum reste une arme à double tranchant dans notre monarchie républicaine. Comprenons donc qu'à court d'idée neuve et ne pouvant promettre aux Français que du sang et des larmes, sans jamais le leur dire vraiment, l'homme de l'Elysée tente de les reconquérir. Il sera le défenseur des valeurs, de cette France qui a besoin de travail (certes !), de responsabilité, d'autorité, de solidarité (ouf !) . Il sera leur « bouclier » et le capitaine qui ne jettera pas, lui, le navire sur les récifs. Message adressé à ce François Hollande dont la politique ne conduirait qu'à affaiblir notre pays tandis que lui, le capitaine, ne dirigerait le navire que vers la haute mer, et des horizons dignes de la France.
La métaphore fera sourire. Et même si le candidat Sarkozy n'a pas dit son dernier mot, même si son entrée en campagne lui vaudra sans doute un rebond dans les sondages, il lui faudra beaucoup plus que cet improbable « ce sera moi ou le chaos ! » cher à De Gaulle, et qui doit lui brûler les lèvres, pour retrouver la faveur des Français. De Gaulle était unique et il avait perdu.
Joël Aubert