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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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02/10/2008

La presse malade de sa diffusion

Le chantier ouvert par Nicolas Sarkozy, avec ces états généraux de la presse, a au moins le mérite d'avoir été confié à des professionnels incontestables, en tête desquels Bruno Frappat qui dirigea La Croix avant de prendre la présidence du groupe Bayard.Cela laisse au moins augurer d'une démarche sans tabou où la parole des éditeurs, des journalistes, des messageries, des diffuseurs et, espérons-le, des lecteurs sera écoutée avec le souci de prendre acte, à la fois des difficutés actuelles de la presse écrite et des bouleversements que le numérique apporte dans l'univers de l'information. En effet, ce remue-méninge ne servirait à rien s'il ne se bornaitqu'à aider un secteur à colmater les brèches où s'engouffrent les quotidiens gratuits et internet. L'homme de l'Elysée suggère la constitution de grands groupes multimédia, et c'est vrai que ceux qui ont des chances de s'en tirer doivent diversifier leur offre pour tenter de toucher tous les publics: celui de la presse quotidienne dont la diffusion a beaucoup chuté, de l'audiovisuel où la concurrence est vive, celui des internautes où les jeunes, mais pas seulement, sont les plus nombreux et habitués à la gratuité. Il faut avoir les reins solides, et en particulier des ressources publicitaires régulières, pour s'engager dans pareille voie. La presse française, quotidienne d'abord, n'a pas grand chose à gagner à la constitution de très grands groupes. Hélas cela signifie, le plus souvent, une propension à l'uniformisation et au formatage de l'information, des tendances qui font justement s'éloigner les lecteurs. En revanche, tout ce qui pourra être entrepris pour augmenter le portage à domicile des journaux, dans les grandes villes en particulier, sera de nature à permettre de conserver ou gagner de nouveaux lecteurs. Car, si les éditeurs et les journalistes sont souvent montrés du doigt pour ne pas avoir su faire évoluer à temps les journaux, on ne peut oublier que l'un des grands défis de la presse quotidienne, c'est bien la diffusion; ces points de vente en nombre insuffisant ou qui ferment. Certes, le coropratisme a sa part de responsabilité dans les retards pris mais aujourd'hui l'apitoiement ne sert à rien. Il faut apporter des réponses économiques adaptées à la raison d'être même d'un quotidien, c'est à dire la chance qu'on lui donne d'être lu chaque jour le plus tôt possible. Pour le reste, la qualitédes contenus et lesnouvelles concurrences seront juges de paix. Des titres continueront à dépérir, d'autres survivront en réduisant la voilure. La façon de s'informer, elle, change à grande vitesse et cette évolution est inéluctable.

Joël Aubert

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