L'ÉDITO
par Joël AUBERTLa Nouvelle-Aquitaine prend » le Train du climat »
La question n'est d'ailleurs pas tant de savoir si une Région, en l'occurrence une collectivité territoriale, dispose d'une compétence propre pour se préoccuper du climat et de son évolution dans son périmètre territorial que de prendre la mesure d'une pareille initiative. Et des conséquences qu'une étude prospective peut révéler pour l'avenir de ses habitants et son modèle de développement. L'Aquitaine se lançait, il y a une dizaine d'années pareil défi, d'abord avec l'Etat puis s'assurait du concours des meilleurs spécialistes du climat, sous l'égide d'un homme, que de surcroît ses attaches bordelaises inclinaient à une manière d'engagement dans un aussi vaste chantier, Hervé Le Treut. Un scientifique expert dans ce qui touche à la modélisation du climat et présentant le grand avantage d'avoir participé aux travaux du du Groupe intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC). Un GIEC dont les derniers travaux ont sonné l'alarme comme jamais. De l'Aquitaine à la Nouvelle-Aquitaine, le pas a été franchi à La Rochelle, AcclimaTerra, le comité scientifique qui a travaillé sous la houlette d'Hervé Le Treut, a rendu un rapport, d'autant plus intéressant, qu'il envisage des évolutions souhaitables dans les domaines les plus divers. De la santé à l'urbanisme, en passant par la question de l'eau ou l'évolution de l'agriculture et bien d'autres encore.
Déjà, nous ne devons pas être surpris d'apprendre que notre grande région, comme ses voisines du sud, connaît une élévation des températures supérieure à l'évolution constatée dans l'ensemble du pays. Ce constat se vérifie de façon concrète lorsque le nombre de jours de très grande température progresse, année après année, et dépasse les 40 degrés dans certaines villes de l'intérieur. L'une des réponses les plus appropriées porte un nom que l'on oublie trop souvent encore dans les villes : la végétalisation. Cela a été rappelé à La Rochelle et mis en évidence, aussi, lors d'une rencontre consacrée à l'importance d'une ceinture verte pour une agglomération en forte croissance comme Bordeaux. Le maintien et le renouveau du maraîchage, souvent mis en question par la spéculation foncière participent du rafraîchissement de la métropole. Un homme de chez nous, Jean-François Berthoumieu, Directeur de l'Association climatologique de Moyenne Garonne et Président du Cluster « Eau & Adaptation au Changement Climatique » le rappelait, en effet, l'an dernier, lors d'une rencontre des « Amis d'Aqui » à Eysines. Et de souligner, alors que certaines études allaient jusqu'à envisager que la température des villes pourrait croître de 8 degrés à l'horizon 2100, le rôle crucial de l'évapo-transpiration des végétaux, ajoutant « la ville est toujours plus chaude que la campagne car elle n'évapo-transpire pas ». Planter des arbres et maintenir une agriculture de proximité « organique, irriguée, de précision » : voilà un conseil que l'on aimerait voir plus souvent retenu, là où l'on continue encore de construire à tout-va, en recréant un environnement alibi. Encore faudrait-il que le citoyen soit de plus en plus impliqué dans les choix qui sont faits. Cela est rappelé avec vigueur par le rapport présenté à La Rochelle : « Si l’on entend promouvoir l’acceptabilité sociale des politiques climatiques dans la Nouvelle-Aquitaine, faciliter leur appropriation réelle par la population, il est impératif de rétablir la confiance dans la participation du public par des dispositifs innovants dont les conclusions cesseraient d’être ignorées des décideurs... ». Un message adressé aux élus qui trop souvent encore ne résistent pas à la pression des promoteurs qui créent des résidences en des lieux qui devraient être absolument protégés. Une prise de conscience, cependant, semble s'accélérer et l'exemple de la métropole bordelaise où certains maires, à l'exemple de celui de Mérignac, entendent prendre en compte dans le développement harmonieux de leurs villes les aspirations de leurs administrés et la recherche de l'équilibre entre nature et urbanisme.