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L'ÉDITO

 par Cyrille Pitois Cyrille Pitois
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08/02/2024

La médaille d’or est attribuée à François Bayrou

François Bayrou est l’homme politique de la semaine. Médaille d’or du quadruple salto, avant même que les Jeux olympiques ne soient ouverts. Lundi, il est relaxé par la justice dans l’affaire des assistants parlementaires du Modem et se sent pousser des ailes. Mardi, il se voit en haut de l’affiche à la tête d’un grand ministère dans le cadre d’un remaniement qui s’éternise et dont il prétend détenir les clés. Mercredi, il claque la porte aux nez d’Emmanuel Macron et Gabriel Attal sans préavis. Et jeudi, il est de nouveau rattrapé par la machine judiciaire, le parquet faisant appel de la relaxe prononcée trois jours plus tôt.

Le space mountain de Disneyland n’est qu’une aimable plaisanterie à côté de la vie politique de François Bayrou. Garde des Sceaux éphémère au début du premier mandat Macron, il décroche un lot de consolation avec le haut-commissariat au plan, une fonction bien mystérieuse aux yeux de beaucoup de Français.

On se disait : « Ca lui permet d'avoir l’oreille du Président et d'agir en coulisses pour infléchir des décisions un peu trop radicales. » De temps à autres, il prenait même la parole publiquement pour donner sa version du « En même temps, » inventant une forme de « Oui mais, » qui lui donnait une posture de membre de la majorité capable d’indépendance et de sens critique. Ce qui n’est pas si fréquent et le rendait plutôt sympathique.

Pendant trois jours, il s’est vu dans le rôle de l’arbitre d’une majorité en perdition. Au passage, il aurait bien collé quelques punitions à ses cadets qui occupent les fauteuils où il rêve de s’asseoir depuis si longtemps.

Mais l’atterrissage est brutal. Ambiance sortie de route. D’abord parce que le centrisme en France est une posture intenable; il devrait le savoir lui qui a échoué trois fois à la présidentielle sans jamais se qualifier pour le second tour. Ensuite parce que crier victoire après une relaxe en première instance, sans attendre que le délai d’appel soit purgé est une imprudence qui n’est pas digne d’un homme de sa culture, ni surtout d’un ancien Garde des Sceaux.

Comme sa sortie brutale du ministère de la justice en 2017, cette semaine grand-guignolesque de 2024 jette une ombre sur une carrière politique qui mérite mieux.

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