L'ÉDITO
par Joël AUBERTLa ligne Juppé contre le Front National.
Ce qu'il est intéressant de retenir des rapides explications de texte d'Alain Juppé, c'est la critique sans ménagement du corpus idéologique du FN, ou de ce qui en tient lieu, et qui ne craint pas de « faire alliance avec l'extrême gauche grecque ou à faire de la surenchère sur le PS en promettant le retour de la retraite à 60 ans »... Un FN qui proposant la sortie de l'euro conduirait à la « déstabilisation de notre économie au détriment des plus fragiles provoquant « la dislocation de la construction européenne au moment où nos pays ont le plus besoin de faire bloc face aux défis du monde qui nous entoure ». Au sein de l'UMP une vraie ligne de fracture existe chaque jour davantage entre ceux qui comme Bruno Le Maire ou Henri Guaino pensent qu'au nom du « respect « que l'on doit aux électeurs du FN » il ne faut donner aucune consigne de vote et un Alain Juppé, un Dominique Bussereau, une Nathalie Kosciusko-Morizet qui croient à la nécessité de les mettre en garde contre l'invraisemblance et les dangers du programme frontiste...
Ce débat ne devrait d'ailleurs pas concerner qu'une droite qui cherche la moins mauvaise ligne politique pour tenter de reconquérir le pouvoir dans un peu plus de deux ans. Il est crucial de l'ouvrir au grand jour, alors que tant de citoyens frappés par le chômage, rejettent l'offre politique qu'incarne la gauche au pouvoir et mettent l'UMP de Nicolas Sarkozy dans le même sac. Comment ne pas être frappés par la conjugaison d'un double phénomène dans les élections partielles qui se suivent : abstention massive et vote FN ? S'installe dans le pays une arithmétique diabolique qui peut amener le pire en 2017 : l'élection de Marine Le Pen. Parmi les hypothèses d'école un second tour entre elle et un Nicolas Sarkozy démonétisé pourrait conduire à la catastrophe ; il ne faut pas chercher ailleurs le soutien que rencontre au centre et à gauche la ligne sans ambiguité, et de rassemblement, qu'incarne Alain Juppé. Reste que la gauche, quelque peu requinquée, par l'élan populaire qui a suivi les attentats recommence à croire qu'elle aura encore sa chance ; encore faudrait-il que le cancer du chômage qui mine la société française commence à refluer. Et là rien n'est moins sûr.